Cooper Cooper m'a tuer (mais il avait des complices)

Avis aux gens potentiellement outrés d'entrée : oui ma note est imméritée et est en grande partie issue de l'état de colère dans lequel j'ai fini le visionnage et qui perdure encore aujourd'hui (j'ai vu ce film il y a en gros 1 an et demi ou 2 ans).
Un robot analysant mon avis sur ce film ne pourrait décemment pas lui mettre moins de la moyenne : la musique est splendide (le thème principal est l'un des plus beau de ces dernières années et la vraie gemme d'Hans Zimmer), l'image orgasmique (c'est du Nolan en même temps), la réal léchée et le tiers central du film fourmille de bonnes idées.
Le problème, c'est que je ne suis pas un robot et que plusieurs éléments m'ont rapidement "sorti" du film et que le final me fait encore pousser des hurlement de colère dans mon sommeil.


Avis aux autres gens potentiellement outrés d'entrée : je ne suis ni un fan hardcore de Nolan, ni un hater hardcore. J'aime certains de ses films, n'en aime pas d'autres, en adore certains, n'en a pas vu d'autres encore.


Avis a la troisième vague de gens potentiellement outrés d'entrée : je ne suis pas un troll Durendal-like qui aime haïr ce qui marche et adorer ce qui est détesté pour le plaisir d'être différent (sans jamais élever mon avis au delà de "j'ai pas aimé donc c'est nul"). J'aime juste me faire mon avis indépendamment de celui des autres (même si c'est impossible en soi). Et si je n'ai pas aimé un film, je ne vais pas me mettre à le déclarer formidable juste parce que d'autres l'ont dit (ou l'inverse). Je sais également faire la différence entre un jugement qualitatif (et Interstellar a plein de qualités techniques qui justifient l'immense majorité des prix reçus) et un jugement personnel.


En dehors de quelques facilités qu'on acceptera au nom de la suspension consentie d'incrédulité dans la première partie sur Terre, le premier grief que j'ai avec ce film c'est qu'en dehors de Murph adulte (mais en même temps c'est Jessica Chastain, tout est mieux avec Jessica Chastain), les personnages sont au mieux insipide et au pire détestable. Les pires étant respectivement les deux leads, Anna Hathaway étant totalement reléguée au rang de chouineuse réputée guidée par ses émotions (le reste de l'équipage faisant souvent de magnifique paraphrase de "tu as un vagin donc ton avis est nul", même quand son avis est réfléchi et construit), et Matthew McConaughey me donnant des envie de frapper ma télé pour voir s'il peut ressentir les baffes.
En gros, il n'arrête pas de rabaisser ses coéquipiers (et même son père et ses gosses dans le premier tiers) pour X ou Y raisons mais enchaîne les erreurs et décisions douteuses sans jamais se remettre en question.


Le tiers central du film (en gros du décollage au reveal sur la planète de Matt Damon) est très clairement le meilleur passage du film même si là aussi plusieurs éléments m'ont fait lever un sourcil et qu'il contient le moment qui m'a provoqué un fou rire, ledit fou rire signant définitivement ma fuite mentale du film.
parmi les levés de sourcils on notera


la mort du PNJ barbu sur la planète d'eau, alors qu'il était dans la navette avant que celui d'Anne Hathaway ne soit arrivé. On savait qu'il devait mourir si on a vu plus de 3 films dans sa vie, mais si la chose avait été faite avec un semblant de logique, ça serait mieux passé quand même


Ce qui est d'autant plus dommage que tout ce pan du film est peuplé de bonnes idées, malheureusement très peu développées


le fait que la précédente expédition venait d'arriver ? expédié
l'histoire et le développement de personnage de celui resté en orbite pendant des décennies ? mentionné et puis on continue comme si de rien n'était
la folie due à l'isolement dont souffre Matt Damon ? sacrifiée pour en faire un méchant basique, histoire que le film en ait un à la fin quand même.
la naissance et la mort de son petit fils dans la foulée ? j'y arrive. Mais en soi c'est tellement expédié que l'on ne ressent rien


Et arrive le fameux moment qui m'a tué. Le dialogue qui pour ma part a tué le film. La naissance du petit fils de Cooper que son fils (dont le nom de famille est Cooper, du coup, hein...), dans un souci d'hommage à celui qui est parti dans un trou de ver sauver l'humanité, appelle...
Cooper.
Le gosse s'appelle Cooper Cooper.


Moi aussi avec un nom comme ça je serais mort en bas âge. De suicide devant l'idiotie de mes parents, probablement


Son père est trop bête pour se rendre compte qu'il s'agit de son propre nom de famille.
Ca semble anecdotique, et en soi ça l'est, mais ça m'en dit beaucoup sur l'état d'esprit de ce film, tellement aveuglé par sa volonté d'être "le nouveau 2001" (la promo ne s'en est pas cachée, l'équipe du film non plus) qu'il en oublie d'être cohérent sur des choses aussi simples que différencier nom et prénom de ses personnages.
Et le dernier tiers est une explosion d'éléments qui alimentent cette idée. Plus rien n'a de sens, plus rien ne tient debout.
On se vante d'avoir fait le trou noir le plus réaliste jamais vu au ciné et d'embaucher des astrophysiciens pour assurer la vraisemblance du film ? Boum, à la fin on envoie tout chier et on sort du chapeau une explication qui vaudrait au film les crachats de tout le public si on parlait d'un film aux ambitions moindres. Des éléments deviennent de sacré défis à la logique basique


toi aussi transmet je ne sais pas combien de méga-octets de données en MORSE !!! Si Murph baille ou cligne des yeux au mauvais moment, tout est foutu (bon dans les faits, Cooper peut reprendre la partie foirée vu qu'il la voit, mais bonjour la perte de temps et le risque d'erreur). Pour rire j'avais calculé le temps nécessaire pour transmettre en morse 1Mb de données à raison de 1 bit par seconde : Ca prend un peu plus de 12 jours. Non-stop.


Et surtout, surtout, le truc qui m'a rendu fou : tout est résolu par le pouvoir de l'amour. Et c'est annoncé tel quel dans le film.


C'est là que je me suis mis à hurler de rage devant ma télé. 2h30 de film que je ne trouvait pas aussi "chefd'oeuvresque" qu'on me l'avait vendu mais qui était a minima beau et bien foutu (sincèrement le reste ne fait qu'entacher un peu le film, mais ne l'aurait pas empêché de finir dans la case des bons films que je n'ai pas apprécié mais que je reconnais comme très bons, sauf Cooper Cooper qui me fait toujours autant rire. Et pleurer en même temps.) se résout par le pouvoir de l'amour.


Les acteurs se serait tourné tous face caméra pour m'adresser un doigt d'honneur tout en faisant des commentaires déplacés sur mes parents que j'aurais trouvé ça moins insultant.


Donc oui, je sais, je ne sais pas rêver, m'émerveiller, etc... les défenseurs du film m'ont assez déversé ça dans les oreilles (chose bizarre, ne pas aimer Interstellar semble plus affreux à certains que d'arborer une coupe mulet). Ou alors ce film contient des éléments qui m'empêchent totalement de rêver, de m'émerveiller, etc....
Parce qu'à l'inverse, devant un film comme Premier Contact (qui est légitimement comparable dans la catégorie SF contemplative porté par un réalisateur à l'identité forte duquel je ne suis ni fan ni hater), mes vannes du rêve et de l'émerveillement, etc... sont ouvertes en grand.

Planet_Smasher
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le 14 mai 2018

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