Insidious sorti en 2010 est une franchise qui marqué le cinéma d’horreur dans la dernière décennie grâce notamment à ses deux premiers films flippants bien à souhait avec le talent de James Wan derrière la caméra et de son compère Leigh Whannell à l’écriture. Signe de son succès, le film a lancé une mode efficace mais devenue exaspérante au fil des années avec nombre d’œuvres horrifiques qui ont tenté de copier la recette avec plus ou moins de succès. Même James Wan surfera sur la réussite de son bébé en proposant en parallèle une autre franchise dès 2013 qui calquera certaines bonnes idées de son Insidious avec Conjuring. Si cette saga est peut-être plus marquante, elle est aussi plus lucrative lançant moult spin-off avec les Annabelle, la Nonne et compagnie. Deux franchises finalement victimes de leurs succès qui tournent peu à peu en rond. Les deux derniers films Insidious ont tout juste été corrects malgré des résultats solides au box-office s’appuyant surtout sur la popularité de la franchise mais amorçant au passage un début de lassitude pour une saga pourtant lancée sur les chapeaux de roue à ses débuts. Les deux premiers films distillaient en effet une peur omniprésente sans oublier de proposer une mise en scène efficace avec des personnages bien construits. Une recette simple et évidente mais que les suites ne parviennent pas vraiment à retrouver. Alors quand est annoncé un nouvel épisode, le cinquième depuis 2010, on peut se montrer assez inquiet. D’autant plus que du changement est à signaler chez les artisans derrière ce nouveau projet intitulé The Red Door, à commencer par le réalisateur. C’est désormais Patrick Wilson derrière la caméra dont c’est la première tentative à la réalisation. L’acteur vedette, présent dans les deux premiers films, retrouve donc son rôle avec le retour également du casting originel, de Rose Byrne à Ty Simpkins, le petit garçon devenu adulte désormais. Le scénariste Leigh Whannell laisse également sa place même s’il a écrit les grandes lignes pour ce nouvel opus. Un duo plutôt efficace à qui l’on doit le succès de la saga qui peut manquer cruellement et ne rassure pas sur les promesses de cette nouvelle proposition. De plus, on peut se poser la question si ce film parviendra à relancer une franchise qui en a bien besoin. Car plus de 10 ans après, si Insidious reste un nom dans le cinéma d’horreur moderne, n’est-il pas plus sage de laisser la saga tranquille plutôt que de l’essorer avec le sentiment qu’il n’y a plus grand-chose à raconter finalement ?
9 ans après les événements des deux premiers films, on retrouve la famille martyrisée par les ténèbres. Le père et son fils aîné, victimes alors, ont aujourd’hui tout oublié. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la caméra reste focalisée sur ses deux personnages. On comprend assez vite que le film va tourner autour d’eux reléguant au second plan le reste de la famille. Cependant, ce père tente de raccrocher les wagons avec son fils après plusieurs années d’absence. Aujourd’hui séparé de sa femme et de sa famille globalement, il vit dans une certaine solitude. Cette introduction frappe par sa lenteur dans son rythme de narration. Et cela ne va pas s’améliorer par la suite. Si on comprend la volonté des auteurs de poser la caméra sur ses deux personnages afin de leur apporter de la profondeur, cela a aussi tendance à repousser le lancement de l’intrigue donnant un sentiment que le film peine à démarrer. De plus, ce ne sont pas les dialogues souvent insipides qui vont aider les acteurs donnant même des passages gênants. Mais on ferme les yeux, cette faiblesse d’écriture est symptomatique dans les films d’horreur hormis quelques exceptions. En-dehors de cette relation père-fils qui est le fil conducteur de cette nouvelle intrigue, les personnages secondaires sont d’une transparence affligeante, la pauvre Rose Byrne souffre d’un manque de présence à l’écran et semble par conséquent peu concernée. Alors que le fils aîné entre désormais à l’université, celui-ci commence à rencontrer des effets mystérieux, les ténèbres ne semblent pas en avoir fini et reviennent le traumatiser ainsi que son père. Les deux devront donc tout faire pour faire malgré leur éloignement afin de faire face à leur passé et affronter les démons. Patrick Wilson se contente de copier la mise en scène de James Wan sans génie malgré quelques sursauts. C’est loin d’être suffisant et ce cinquième épisode ne surprend guère, gâché entre autres par des effets plutôt prévisibles à coups de jump scares foireux. De plus, l’intrigue ne parvient pas à nous happer dans cette nouvelle mouture horrifique, il est difficile de ressentir le grand frisson. Au contraire, on se montre vite exaspéré par des ficelles archi exploitées et le ridicule de certaines séquences. Malheureusement, il se montre involontairement drôle ce qui ne l’aide pas à instaurer l’ambiance recherchée.
Ce nouvel Insidious est bien la suite inutile tant regrettée. Malgré sa volonté de reprendre la trame des premiers films avec la famille emmenée par Patrick Wilson et Rose Byrne, rien n’y fait. On ne rentre jamais dans l’histoire, plus ennuyeuse finalement qu’effrayante. Le film ne raconte pas grand-chose et prend même de gros sabots pour arriver à ses fins avec pour conséquence de saborder son intrigue déjà peu épaisse. Les acteurs semblent peu concernés et on ne s’attache pas à ce père et son fils malgré leurs mésaventures. The Red Door confirme bien nos craintes initiales et n’apporte pas grand-chose à une franchise qui a déjà fait le tour de ce qu’elle pouvait raconter.