Menant une carrière en forme de montagnes russes depuis le succès de "O'brother" (pour un "No country for old men", combien de "Ladykillers" ou de "Intolérable cruauté" ?), les frangins Coen reviennent à un cinéma plus modeste, moins conscient de ses effets, livrant ce qui s'avère peut-être leur oeuvre la plus attachante, la plus humaine.

S'inspirant du parcours de plusieurs artistes, "Inside Llewyn Davis" revient aux sources mêmes de la musique folk, à travers les déboires d'un personnage fictif multipliant les galères, une sorte d'anti-héros tour à tour crispant ou touchant, parfaite incarnation du beautiful loser dans toute sa splendeur, un égoïste qui s'ignore détruisant tout ce qu'il touche, y compris lui-même.

Malgré les apparences, "Inside Llewyn Davis" appartient bien à l'univers des frères Coen, qu'il s'agisse de son humour décalé et pince-sans-rire, de son amour évident pour la musique ou encore pour les personnages hauts en couleur qui parsèment le voyage du héros. Il représenterait même une synthèse apaisée de leur cinéma, incluant une grande partie de leurs obsessions mais le tout enveloppé d'une force tranquille étonnante, bien loin de leur folie furieuse coutumière.

D'une beauté formelle indéniable grâce à la photographie délicate et vaporeuse du français Bruno Delbonnel, "Inside Llewyn Davis" est bien la preuve que les Coen peuvent encore surprendre, un bel hommage à la musique et à ceux qui la font, portée par une superbe bande originale supervisée par TBone Burnett et par un casting impeccable mené par le trop rare Oscar Isaac.
Gand-Alf
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Gand-Alf and Emma Peel's Excellent Bluraythèque., Let's rock !, 365 days of magic... or not., Les meilleurs films des frères Coen et Oh ! Un gros rouquin !

Créée

le 7 août 2014

Critique lue 529 fois

39 j'aime

2 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 529 fois

39
2

D'autres avis sur Inside Llewyn Davis

Inside Llewyn Davis
Sergent_Pepper
8

That’s all folk.

« Pendez-moi, j’ai défié le monde… » chante Llewyn dans la chanson qui ouvre le film. Tout est là, comme souvent chez les frères Coen, pour irrémédiablement condamner le protagoniste. Parasite,...

le 15 avr. 2014

141 j'aime

6

Inside Llewyn Davis
Socinien
7

Notes à benêt

Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes session 2013, Inside Llewyn Davis est en effet un très bon cru des frères Coen qui se déguste avec délectation : un film ironique, pluvieux et hivernal, ce...

le 26 mai 2013

79 j'aime

18

Inside Llewyn Davis
Torpenn
6

Les douze coups de minou

Il existe au cinéma une véritable esthétique de la moulasse, avec de très nombreuses variations autour de la moule au milieu du salon, quelque chose qui place le mollusque au niveau des losers...

le 15 nov. 2013

70 j'aime

22

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

208 j'aime

20