Innocence : Ghost in the Shell 2
7.2
Innocence : Ghost in the Shell 2

Long-métrage d'animation de Mamoru Oshii (2004)

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« Les faiblesses de la conscience humaine deviennent les faiblesses de la réalité de la vie, la perfection n'est accessible qu'à celui qui n'a pas de conscience, ou dont la conscience est infinie. La perfection n'est donc possible que pour les poupées ou pour les dieux. »

Voici l'une des nombreuses « citations » du film. Branlette pour certains, coup de génie pour d'autres (et pour d'autres, c'est certains, rien du tout car il ne faut pas oublier nos chers apathiques qui n'ont d'avis sur rien et se permettent de parler de tout, mais je m'éloigne du sujet). A lui coller un 10 bien fagoté, vous devez vous dire que je fais partie de ces thuriféraires névrosés aveuglés par quelque poudre ferreuse dans des yeux devenus cybernétiques, qui se font abuser par ce que Nietzsche nous gratifia de cette maxime : « une surface qui mime la profondeur » (bien qu'à l'origine le truculent moustachu la destinée aux femmes). Bref, vous l'aurez remarqué, je tombe dans l’écueil précité, je me paluche à coup de phrases bien pensées.

A trop se concentrer sur les dialogues, on en oublie l'essentiel. Innocence c'est de l'image en mouvement, du cinéma. Et pour ce qui est de l'image, Oshii nous gratifie à nouveau d'un tour de force technique. Que ce soit dans dans l'esthétique pure de l'image que dans la mise en scène, qui oscille entre scènes musclées (c'est une enquête policière tout de même) et moments d'extases contemplatives où l'image se mêle à la musique pour tendre à cette indicible tension métaphysique qui tiraille les protagonistes. Comme le premier Ghost in the Shell, Innocence se veut introspectif. Le major a laissé place à son comparse Batou comme épicentre de la narration.

Ce foisonnement existentiel pourra rebuter, si ce n'est foutre une bonne chiasse devant la quantité de citation débitée par les personnages. A vrai dire, à faire l'économie de la compréhension tout devient indigeste...Car toutes ces citations qui transpirent ne sont là que pour stigmatiser la désertion de toute norme ontologique, dans ce que l'on pourrait appeler avec Baudrillard, une hyperréalité où se meuvent les personnages. A tendre vers ce surhomme robotique, aux capacités physiques et cérébrales boostées, on en oublie ce qui à l'origine est proprement humain. Faire venir le sens du passé par ces multiples citations à des penseurs historiques, montre cette « fuite du sens » du présent. L'homme dépassé par sa propre nature cherche les conditions de sa compréhension dans un temps où l'homme était humain, trop humain. Ce n'est pas pour rien qu’apparaît le mythe du golem dans le film (dans le prodigieux passage de la maison de Kim), ce mythe est la première occurrence historique de ce que deviendra le robot comme archétype d'un être artificiel.

Je pourrais encore m’épancher à l'infini sur la richesse thématique de ce film, mais ça me ferait juste passer pour un gros péteux ! Ce film est une merveille, point.
Kadath
10
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le 28 août 2012

Modifiée

le 28 août 2012

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