"L'enfer continu. Temps infini, espace sans fin, souffrance éternelle. Enfer continu."

Infernal Affairs 2 s'ouvre sur une référence direct au bouddhisme et à sa définition de l'Enfer, notion centrale de la trilogie, du début à la fin, représenté par trois films totalement complémentaires mais au combien différent dans les genre qu'ils empruntent.
L'enfer sur terre représente littéralement ce que vivent les personnages de cette saga tout comme l'illustre très bien le sous-titre du troisième film: End Inferno. Machiavélique et empli de mélancolie.

Ce deuxième film sort à peine un an après le premier et sera suivit seulement quelques mois plus tard de sa conclusion, preuve s'il en est que la trilogie a vraiment été filmé "back to back" et le scénario était un ensemble cohérent et ambitieux dès le départ. En effet, les très bons Shawn Yue (Yan jeune) et Edinson Chen (Lau jeune) était déjà présent lors des séquences de flashback du premier film.

La moindre importance accordé à Infernal Affairs et surtout à ses suites a toujours été un crime, le très court laps de temps séparant la saga du mastodonte Les Infiltrés de Scorsese y est pour quelque chose. L'excellente conversion 4K opéré en coopération par The Jokers a été l'occasion pour un maximum de personne de redécouvrir mais surtout de découvrir cette série à l'origine de nombreuses ingéniosités des thrillers sortis ces 20 derniers années. Mais surtout, les suites sortent pour la première fois sur grand écran chez nous et l'honneur, la chance de revoir cette préquel et cette séquelle d'une excellente qualité dans de très bonnes conditions est un vrai plaisir, de chaque instant.
J'insiste sur ce point parce que selon moi les suites sont tout aussi bonnes que le premier, à vrai dire, Infernal Affairs 2 est le joyau de la trilogie, la pièce maitresse de Andrew Lau et Alan Mak, là où ils ont réussit à atteindre une maestria dans leur mise en scène et l'efficacité de leur récit malgré l'ambition folle du scénario. Je vous encourage, plus que nécessaire à foncez les voir au cinéma pour profiter d'une sage unique, de découvrir des suites d'une intensité folle et surtout de soutenir ce genre d'initiatives par les acteurs de l'industrie.

Passé cette introduction quelque peu pompeuse exprimant mon amour pour Mou gaan dou II ou Wu jian dao 2 en cantonnais (= Voie sans issue) voyons un peu le résumé fait par Wiki:

"Dix mois après le meurtre de Yan (Tony Leung Chiu-wai), Ming (Andy Lau) est relégué à du travail de bureau. Il est pourtant bientôt réintégré aux Affaires Internes, et s'interroge au sujet des autres taupes de Sam, toujours infiltrées dans la police. Un membre de la Sûreté, Yeung, fait alors son apparition et semble avoir été très proche de Sam avant sa mort... Ming se demande si cet homme n'est pas un des derniers hommes infiltrés par Sam, qui chercherait à l'éliminer. Parallèlement à cette intrigue, le film nous ramène dans le passé, quelques mois avant la mort de Yan. Yan semble perdre la confiance de Sam, qui essaye de conclure un deal avec des mafieux chinois. Le mystérieux Yeung est présent également, et Yan s'interroge sur son compte. Les deux affaires vont finalement se rejoindre pour qu'enfin toute la vérité éclate."

Ainsi, l'attrait principal de prime abord du film réside dans le cœur de son récit, l'illustration de l'ascension opposé de Yan et Lau chez les Triades pour l'un et dans la police criminelle pour l'autre. On pouvait à juste titre s'attendre à une préquelle classique mais c'était sans compter l'ambition folle des réalisateurs et du scénariste Felix Chong. Ils profitent de ce bond dans le passé d'une décennie en 1991 en amenant le contexte géopolitique et social précédant la rétrocession de Hong Kong en 1997 notamment et il est intéressant de noter la réception presque mélancolique de cet évènement au combien important pour les habitants de l'ile.

Mais hormis cet élément et l'ascension des différents personnages du premier film comme Sam et Wong également, excellent dans leur partition, c'est surtout l'occasion d'avoir l'apparition de nouveaux personnages tout bonnement grandioses dans leur composition, que ce soit Mary la femme de caractère de Sam, Luk l'ami loyal de Wong et surtout Hau Ngai, la véritable star du film.

Francis Ngai explose face à la caméra et chacune de ses apparitions nous absorbe directement. Le rôle de Hau est au combien intéressant car en temps que demi-frère de Yan (Tony Leug dans Infernal Affairs) on comprend mieux la dualité qu'éprouve ce dernier dans la saga entre son envie d'être toujours policier (il ne cesse de répéter durant la trilogie "Je suis un flic") et son immersion de plus en plus profonde dans le monde du crime. Un drame familial en quelque sorte. Hau est surement le meilleur personnage du film et peut-être un des meilleurs antagonistes du fait de sa complexité de tous les thrillers sortis ces 20 dernières années.

Andrew Lau et Alan Mak se sont surpassés et passe un cap avec cette œuvre, leur mise en scène a gagné en maturité, les plans sont beaucoup plus variés, aidé bien sur par une multitude location différente allant de la Thaïlande aux faubourgs chinois, certes.
Mais, clairement ils osent au niveau de la composition de l'image, l'alliance entre l'excellente bande originale et certaines trouvailles visuelles permettent l'émergence de scène qui nous reste en tète longtemps après. Notamment la meurtre simultané des 4 parrains, repris bien sur par la fameuse scène du Parrain et réapparu un peu partout depuis. Toute la séquence finale, les 15 dernières minutes transcende le film et on se retrouve avec un des meilleurs finals du cinéma Hong Kong nais, quoi qu'on en dise.

https://www.youtube.com/watch?v=1gI-hkL8AMg

La musique aide beaucoup à faire augmenter la puissance évocatrice du récit, celle d'un déchirement et d'une plongée petit à petit dans un enfer infinie. Certains la trouveraient trop présente mais je trouve que ça ne fait qu'accentuer l'ambition du film, des personnages, des intrigues se mêlent et s'entremêlent et beaucoup de subtilité est présente. Une intelligence dans l'agencement du film, qui oblige dans le bon sens, le spectateur à être très impliqué et attentif à chaque scène, pour ne pas perdre le fil.

Il y en aura encore tellement à dire, beaucoup l'ont dit avant moi ici et j'espère que beaucoup découvririons ce chef d'œuvre grâce à sa nouvelle et unique sortie en France, allez-y, vous aurez un gout doux dans la bouche tout au long du visionnage, une mélancolie latente et des cinéastes qui vont au bout de leurs aspiration, suivit de End Inferno.

"Celui qui est dans l'enfer perpétuel ne meurt jamais. La longévité y est une dure épreuve." (Bouddha)

https://www.youtube.com/watch?v=slkt3yTr278

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le 11 mai 2022

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