Je tiens Bartas comme l’un des cinéastes les plus originaux des années 90, durant lesquelles il aura sorti pas moins de trois merveilles, essentielles dans mon parcours cinéphilique : Few of us, Trois jours et Corridor. J’avais retrouvé brièvement Bartas devant la caméra de Carax dans Pola X, je l’avais trouvé incroyable en chef d’orchestre / gourou d’une pseudo secte de musiciens paramilitaires tout droit sorti d’un clip d’Einstürzende Neubauten. Depuis plus rien, ou presque – J’avais raté Seven Invisible men. Indigène d’Eurasie annonçait un étrange retour, d’apparence plus mainstream avec une orientation avouée pour le polar. Si au détour de quelques plans sur des lieux vides, désolés ou des visages fermés, on retrouve un peu de son style, l’ensemble du film n’a plus grand-chose à voir avec ce qui faisait le génie mystique du cinéaste lituanien, dans sa respiration, son épure sous hypnose, sa nonchalance, son mutisme. Indigène d’Eurasie est d’ailleurs beaucoup trop bavard pour du Bartas. Alors si le charme désabusé qui a fait sa marque opère encore parfois, son incursion dans le polar quasi international est un peu ratée, la faute à des va et vient Russie/Pologne/Lituanie/France (La partie parisienne est archi poussive et sans intérêt, celle sur l’île d’Yeu plus mystérieuse et représentative de son style) peu convaincants voire lourdingues et des accélérations dans son récit – étranges ellipses à la clé – chères au genre. Reste une dynamique originale pour du polar (Puisque le film fonctionne comme un anti-polar, où les creux sont plus forts que les acmés de violence) et quelques saillies fortes, dont un contrôle routier qui s’achève dans les marécages, pour nous extraire de l’ennui poli.

JanosValuska
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le 12 juil. 2017

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