Pas de répit pour Indy et ses 60 printemps bien sonnées, et ce n’est pas les quolibets du public cannois qui vont l’arrêter. Le voilà repartie à la chasse aux nazis, ou plutôt aux cocos, parce que cette fois le récit se déroule 20 après la dernière croisade, Marcus Brody et Henri Jones Senior ont été enterrés depuis. Les ennemies de la nation sont les soviétiques avec la guerre froide en toile de fond dans un scénario ébouriffant qui a pourtant tout d’un plat réchauffé au micro-onde, et ce n’est pas le frigo anti-atomique qui viendra relever le niveau de cette quête farfelue d’un crâne aztèque servant de catalyseur à un vaisseau extra-terrestre niché au coeur d’un temple inca. Sûrement une excentricité de ce cher Georges Lucas qui voulait rendre hommage aux films d’invasion aliens des années 50, il est vrai que la saga n’est pas à son coup d’essai pour immiscer le fantastique dans la réalité, même là il fallait quand même oser confronter Indy aux ovnies. Un périple dans le Nevada ce n’est pas vraiment l’idée que je me faisais d’une aventure d’Indiana Jones même si le récit se déplace ensuite en Amérique latine avec la sensation d’avoir affaire à une jungle de CGI. Nevada Jones contre un colonel parfait sosie de Vladimir Poutine auquel il flanque des gros bourre-pifs avant de le laisser se faire dévorer par des fourmilles, parce qu’il n’est que le sobriquet d’une impérieuse dominatrice interprété par Cate Blanchett à la baguette qui aime se faire lécher les bottes en pointant le bout de son sabre sur ses ennemies.


Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Crystal c’est aussi l’occasion des retrouvailles de Marion Ravenwood et Indy qui n’avait jamais songé à la rappeler après l’avoir inséminé. Mal lui en a pris, puisque celle-ci à enfanter d’un roquet qui doit son caractère impétueux à son vieux père. Mutt est incarné par Shia LaBeouf, le drôle de frère de chez Disney Channel qui passait son temps à sécher les cours, emmerder sa sœur et à inventer de nouvelles conneries pour impressionner la galerie, un parcours de SEGPA chaotique qui influence son rôle de loubard en rébellion contre la société. Du coup il passe le plus clair de son temps à écouter du rock en roulant des grosses mécaniques avec un cuir sur le dos et on ne peut pas lui enlever qu’il sait manier le peigne aussi bien que le cran d’arrêt même si le rejeton n’a rien d’un aventurier et encore moins d’un archéologue diplômé et pour cause puisqu’il s’agit d’un mécano, et oui malheureusement le génie saute parfois une génération. Bon quant on sait qu’ils ont décidé de le « tuer » pour le 5ème opus, c’est une façon subtile et polie de le renier et de faire comme ci il n’avait jamais existé, un peu comme comme ce qu’une partie des fans et des médias ont fait avec cet épisode souvent considéré comme dépréciatif dans une saga auparavant sans fausse note, du moins si l’on écarte les critiques et reproches de l’époque adressés à la violence émanant du temple maudit, et des origines story du 3ème chapitre qui résonnait déjà comme celui de trop pour les détracteurs.


Qu’en est-il réellement ? Et bien si on sent parfois l’ennuie poindre le bout de son nez à cause d’une galerie de personnages et d’intrigues brouillonnes en plus de nombreux clins d’oeils et de quelques loufoqueries recyclés, on ne pourra pas lui reprocher de se montrer généreux voir même presque irrévérencieux dans sa folle poursuite en jeep dans la forêt avec un véritable numéro d’équilibriste qui évoque à quelques égards près la course en chariot dans les mines du maharaja ainsi que l’assaut du panzer nazi, notamment sur le plan de l’intensité. Remarquez que j’ai bien dit presque, parce que c’est comme comparer le Space Mountain à l’Alpen Express et je parle même pas des cascades géantes en effet de synthèse qui ont tout à envier à la descente en canoë des Indes orientales. Le grand écart orchestré par Spielberg pour tenter de plaire non seulement aux anciennes mais également aux nouvelles génération avait tout du paris risqué d’autant qu’il s’agissait a posteriori de son plus gros budget, on est donc pas très loin de l’accident industriel rattrapé par un succès financier éminemment conséquent. Heureusement, Indiana Jones brille néanmoins de mille feux tant il paraît avoir conservé la même pêche qu’à ses 40 ans, il faut le voir cogner ses adversaires avec vigueur, se dandiner à travers la mystérieuse cité d’Akator ou bien manier le fouet en passant à travers la pare-brise d’un camion de l’armée, parce que ce n’est pas les années qui compte mais bien le kilométrage bébé.

Le-Roy-du-Bis
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Garbage Area

Créée

le 27 juin 2023

Critique lue 42 fois

1 j'aime

3 commentaires

Le Roy du Bis

Écrit par

Critique lue 42 fois

1
3

D'autres avis sur Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal

Du même critique

Whiplash
Le-Roy-du-Bis
10

I’m Upset

On ne nait pas en étant le meilleur, on le devient au prix d’un travail acharné et d’une abnégation sans faille. Le talent n’est pas inné, il se développe et se cultive par un entraînement rigoureux...

le 17 juil. 2023

8 j'aime

21

La colline a des yeux
Le-Roy-du-Bis
8

Les Retombées

À Hollywood, on aime pas trop prendre des risques inutiles et les remake constitue des retombées financières garantie. Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13... Evidemment, pour s’assurer...

le 19 oct. 2023

7 j'aime

3

Kickboxer
Le-Roy-du-Bis
7

Nok Su Kao

Beaucoup l’ont traîné dans la boue à cause de quelques langues de pute de journalistes qui ont voulu le tourner en ridicule, mais Jean Claude Van Damme n’en reste pas moins une bête d’athlète qui...

le 25 mars 2024

6 j'aime

7