Assurément, ce quatrième opus détonne. À le revoir de nombreuses années après avoir été, comme beaucoup de fans, franchement déçu de cette aventure, mon jugement demeure partagé. D’un côté, je trouve que la reprise du schéma narratif peut s’apparenter à de la paresse mais je replonge avec plaisir dans cette recette éprouvée, souvent imitée et jamais égalée. De l’autre, si je comprends et valide la volonté des auteurs de faire évoluer le récit (la SF prend ici la relève du fantastique), je suis peu convaincu par ce pas de côté. Les codes sont pourtant très justes. L’intrigue se déroule au milieu des années 50 et nous retrouvons tous les thèmes propres à la culture ricaine de l’époque : guerre froide et anticommuniste, essais nucléaires et invasion extra-terrestre. En ce sens, le film rend un bel hommage, non sans ironie, à sa propre histoire. Mais on comprend parfaitement que ce changement de direction ait pu surprendre.


L’aventure, et c’est le point fort de cette saga, est toujours au rendez-vous avec un sens incroyable du rythme. Le prétexte a déjà été vu cent fois mais, contrairement aux pâles copies d’Indy, le mystère ne s’évente pas au fil de l’histoire et le choix de certains décors naturels concourt à la réussite de l’ensemble. Deux points s’apparentent à un vilain caillou dans la chaussure. La légèreté de ton, déjà plus prononcée dans le troisième opus, vire parfois ici au grotesque. Loin des deux premiers épisodes plutôt sombres, les méchants pèsent moins lourd en dépit de Cate Blanchett et, surtout, les situations cartoonesques malvenues. À grands renforts d’effets spéciaux numériques, Indy s’enferme dans un frigo pour échapper à un test nucléaire, les voitures volent dans tous les sens, elles descendent même les rapides, les héros se prennent des grandes gamelles et n’ont que le souffle coupé, autant de fantaisies qui finissent par retirer toute crédibilité à l’ensemble. Ce n’est plus de l’aventure, c’est du cartoon. Ce décalage avec les précédents opus marque une rupture trop appuyée. Le film semble jouer sans cesse la carte de la surenchère, ce qui ne lui réussit pas. L’ouverture du film est, en ce sens, symptomatique. Bien loin de celle, remarquable, du premier, elle s’achève dans la démesure la plus totale.


Enfin, et c’est certainement là où Steven Spielberg se révèle le plus adroit pour éviter la totale sortie de route, l’histoire est mal ficelée. Toute la première partie joue les balles de flipper avant de choisir une autre direction qui exclut une bonne partie des éléments présentés, dont les querelles qui opposent Indy et le FBI dont il n’est ensuite plus question. Les retournements de veste incessants de « Mac » montrent aussi combien le scénariste David Koep a manqué lourdement d’imagination. Le résultat est donc très en retrait de ses prédécesseurs que ce soit dans le ton ou la conduite rigoureuse du récit. Reste un divertissement parfaitement distrayant et le plaisir intact de retrouver Harrison Ford en Indiana Jones.

Play-It-Again-Seb
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le 26 juin 2023

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PIAS

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