Les réalisateurs se divisent en deux catégories : ceux qui laissent leur trace et les autres ...

Il était une fois en Amérique, dernier film de Sergio Leone, l'un des plus grands cinéastes de tous les temps, très apprécié par le public. La presse et ses pairs l'ont par contre boudé de son vivant à l'instar de Stanley Kubrick (qui a été nominé comme pire réalisateur lors des Razzies Awards pour Shining ...), ils marqueront cependant l'histoire du cinéma là où de nombreux oscarisés tombent peu à peu dans l'oubli, franchement, qui a été marqué par Shakespeare in Love ou des gens comme les autres de Robert Redford (https://youtu.be/F5JDIV7Eh_8, Elizabeth McGovern qui joue le rôle de Déborah a joué dans ce film) ?


Il était une fois en Amérique, s'impose comme le dernier volet de la trilogie ; Il était une fois précédent : Il était une fois dans l'Ouest traitant de la conquête de l'Ouest et Il était une fois la Révolution traitant quant à lui de la révolution mexicaine.


Il est également une adaptation libre du livre The Hoods d'Harry Grey.


Il était une fois en Amérique revient sur la période de la prohibition, qui fut l'avènement des mafias, largement composé d'immigrés siciliens, ayant fui leur pays et la guerre afin de vivre le rêve américain en passant par l'île de Staten.


Et nous conte l'histoire de David Aaronson, que l'on surnomme Noodles (ou Nouilles), on le suivra lors de son adolescence en 1922, puis à l'âge adulte en 1933 et enfin sa vieillesse en 1968.


Il est important de noter que le film ne suit pas une chronologie linéaire, en effet, le début du film se passe en 1933 pour partir en 1968 et revenir en 1922, le film progressera de cette façon tout en gardant les clés de compréhension jusqu'à son dernier acte, grâce à l'écriture d'une qualité exceptionnelle de Sergio Leone et son équipe !


Le début de la vie de Noodles sera marqué par son gang formé de Maximilian, son meilleur ami, le gourmand Patsy, Cockeye ou œil en coin, le musicien de la bande et Dominic le plus jeune garçon à la vulgarité attachante.


L'une des scènes les plus marquantes du film, est bien sûr le moment où Bugsy décide après avoir perdu son territoire face à la bande de Noodles et Max de les traquer puis les tuer.
Dominic le verra le premier avertissant ses amis de partir pour malheureusement se faire tuer par ce dernier après plusieurs balles tirées ... la scène est d'abord filmée au ralenti puis par le biais de Noodles qui tentera de sauver Dominic qui à l'instar de Gavroche dans les Misérables, dira à Noodles qu'il a dérapé ...


Mais la scène qui m'a le plus marqué est sans conteste, le passage où Noodles revoit Deborah, 35 ans après une soirée qui a mal tourné, il la revoit ébailli dans le bon terme, par la façon dont elle a vieilli.


Elle déclinera ses compliments pour se dire que le temps ne les a pas épargné et n'épargne personne ... elle continuera jusqu'à dire à Noodles qu'elle a un fils et qu'elle voudrait qu'il le voie.


La surprise frappera notre protagoniste, car en plus d'avoir le même visage que son meilleur ami, il s'appelle David tout comme lui, nom que le compagnon de Déborah a choisi pour rendre hommage à son meilleur ami !


À partir de là, il n'y a plus rien à dire. La dernière rencontre entre les deux amis se passera tranquillement quoique Max lui a piqué sa vie, Noodles ne lui en tient pas rigueur, prétextant que son meilleur ami est mort il y a 35 ans de cela en tirant sa révérence au sénateur Bailey, qui une fois sorti avait l'air d'avoir prévu de tuer Noodles, finira par se jeter dans le broyeur pour finir dans sa chronologie comme le film a débuté dans sa narration …


Le film se finira en 1933 après la découverte de la mort de ses trois amis, avec une plongée sur Noodles souriant et planant à cause de l'opium comme pour dire que la vie de Noodles n'était pour lui qu'un rêve à l'instar de la philosophie des samouraïs.


Le film parle du temps qui passe (ce n'est pas pour rien que Leone dit qu'il s'agit de son adaptation de "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust avec la discussion entre Noodles et Fat Moe en 68 quand il lui demande "Qu'est que tu faisais ?", et que Noodles lui répond "Je me suis couché tôt ") et qui ne laisse que le phénomène d'entropie pour chaque être mortel, sur la confiance, l'amitié, la famille qu'on choisit bien que le film reste terre à terre nous rappelant que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs, l'Amérique, etc.


Sergio Leone avait confié qu'en lisant The Hoods, la chose qui l'intéressait le plus, c'était l'ambiance purement américaine et pas l'histoire du livre, raison pour laquelle le film débute et finit sur le refrain de God Bless America.


Pour revenir sur le temps qui passe, le rythme à beau y être étiré, les plans contemplatifs, je ne me suis jamais ennuyé dans ce film, au contraire, j'étais fasciné par la façon dont le film montre la vie !


Comment ne pas parler d'Il était une fois en Amérique sans parler des acteurs, tel que Robert de Niro interprétant dans le film les dernières phases de la vie de Noodles au sommet de sa carrière après son rôle de Jake LaMotta dans Raging Bull, il offre dans ce film une performance de haute volée avec ce personnage de Noodles ayant parfois des airs de Jean Valjean (au départ c'était Gérard Depardieu qui devait jouer Noodles adulte et Jean Gabin, Noodles âgé). Pour le jeune Noodles, c'est Scott Tiler qui jouera l'espiègle jeune homme rempli d'ambition.


James Woods se chargera de Max qui au début si jovial et chaleureux se changera en un mélange entre Marty McFly et son lui originel. Rusty Jacobs est quant à lui le jeune Max qui partage une grande complicité avec son compère Scott Tiler, ainsi que les autres membres de sa bande qui saute directement aux yeux, nous immergeant encore plus avec la bande.


Puis Elizabeth McGovern en Deborah adulte et âgée, qui livre une excellente performance, en particulier lors de la scène que je vous ai décrite plus haut. La jeune Deborah permettra de révéler Jennifer Connelly que l'on pourra retrouver dans Un Homme d'exception et Dark City qui marque lors des scènes de danse, faisant ressortir sa grâce.


On peut retrouver également Joe Pesci en Frankie Minotti, parrain très puissant de la mafia accompagnée de son associé Joe joué par Burt Young (Paulie dans la saga Rocky) qui auront leur scène mythique dans le bar de Fat Moe.


En ce qui concerne la réalisation, face à un maître tel que Sergio Leone, on ne peut que rester admiratif devant la maîtrise qu'il a, de la qualité des cadrages et du découpage, qui sont parfaits bref, c'est monstrueux !


Maintenant la musique, Ennio Morricone oblige, l'excellence est de mise ! Sauf que là on dépasse l'excellence !


En effet, je trouve que la BO d'Il était une fois en Amérique est encore meilleure que celle du Bon, la Brûte et le Truand !


Elle a été composé 10 ans avant le tournage et a servit à Sergio Leone pour mieux diriger ses acteurs, que personnellement pour le découpage, ainsi que pour la manière d'adapter le rythme de la mise en scène.


Les morceaux sont discrets et empreints d'une nostalgie très adéquate pour le film formé de flashbacks et de flashforwards, où les thèmes sont réutilisés dans des situations différentes permettant de créer des atmosphères diverses.


Il est à noter que c'est Gheorghe Zamfir qui joue la flûte de pan pour le thème de Cockeye.


Il y a une scène que j'aimerais aborder par son utilisation de la musique, la fois où Noodles revient dans le bar de Fat Moe, puis revoit le trou de souris qu'il utilisait pour espionner Deborah s'entrainant à la danse. Le thème se nomme Amapola et plonge notre protagoniste dans ses souvenirs servant donc de transition tout en démontrant leur amour impossible, coincidant avec les paroles de la chanson dont s'est inspiré Ennio Morricone pour ce thème.


Chanson composé par Joseph Lacalle et écrit par Albert Gamse et pour éviter de chercher voici les paroles traduites par mes soins :


Opium, mon joli petit pavot;
Tu es comme la charmante fleur si douce et divine;
Depuis que je t'ai trouvé, mon coeur t'appartient;
Et, en te voyant, il semble battre une rhapsodie;


Opium, le joli petit pavot;
Doit copier ces beaux charmes de toi;
Opium, opium;
Comme j'ai envie de t'entendre dire "Je t'aime."


Pour conclure, cette critique n'apporte certes rien de nouveau aux éloges auxquelles le film a eu droit, mais si j'ai pu amener rien qu'une personne à voir ce film, alors elle aura valu la peine que je prenne le temps de l'écrire.


Il était une Fois en Amérique est plus qu'un simple film, c'est une vie capturée et sublimée par l'effort commun de Sergio Leone et son équipe qui nous montre ce que c'est que de faire du cinéma !


Merci à tous de m'avoir lu !

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le 23 mars 2019

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Albator_Larson

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