Ice Cream Man
4.2
Ice Cream Man

Film DTV (direct-to-video) de Norman Apstein (1995)

J'ai peu souvent parcouru ce blog que j'avais découvert par hasard, "Freddy in space", car aussi cool qu'il ait l'air d'être, je n'aurais pas le temps de suivre les actus qui me semblent très nombreuses. Néanmoins, lors d'une de mes visites, je suis tombé sur un article sur un film d'horreur au titre alléchant, "Ice cream man". L'auteur du blog se disait fan, le considérant comme un de ses films d'horreur favoris :
http://www.freddyinspace.com/2012/05/we-may-all-scream-for-him-but-nobody.html
La lecture de l'article ne pouvait que donner encore plus envie. Je crois qu'en plus à ce moment là, j'étais dans une période où j'avais envie de voir des bizarreries obscures. Et au cas où je n'aurais pas été déjà convaincu, en cherchant le film, je suis tombé sur une image où le marchand de glace tient un cornet géant avec un crâne dedans. Doux jésus !
J'ai pu me procurer le film rapidement, mais ai tardé à le voir. Il existe un DVD aux USA (et un coffret incluant aussi Jack Frost 2 et Killer tongue, tout un programme), mais aucun sous-titres malheureusement, ce qui m’a fait retarder l’échéance.
Ce soir, le moment était venu de voir Ice cream man.

Le tueur-marchand de glace de "Ice cream man" a ses origines présentées en début de métrage, son trauma qui l’a rendu comme il l’est maintenant : alors qu’il était gamin, Grégory Tudor a vu le marchand de glace se faire descendre durant un drive-by. On croirait que le glacier sort de sa camionnette exprès pour se prendre les balles, et les gangstas qui le zigouillent à la mitrailleuse repartent dès lors que l’homme est abattu, comme si c’était lui qui était vraiment visé. Je sais pas ce qui pousserait des gens à tuer un glacier, mais à ce qu’on apprend par la suite, c’est un accident lié à une affaire de drogue. C’est pas vraiment ce qu’on aurait pu comprendre avec la mise en scène…
La logique n’est pas vraiment de mise dans "Ice cream man", on sert des fins précises, et c’est tout.
Pour faire que le "ice cream man" soit bien bizarre et creepy, il y a des éléments totalement gratuits, introduits de force dans le film : on le voit notamment mettre l’argent qu’il gagne dans un seau crado avec des cafards dedans. Pourquoi ? Quelle est la logique là-dedans ?
Faut voir aussi Clint Howard bien insister sur le fait que son personnage est interlope, ne pouvant s’exprimer à ses clients de l’autre côté des barreaux de sa camionnette sans grogner et grimacer intensément. Quand il ne fait pas ça, il parle comme un attardé s’efforçant de paraître enjoué pour faire illusion. Dans tous les cas, c’est tellement exagéré qu’il y a une aura de débilité autour du personnage et qui contamine le film lui-même, et on ne peut que se marrer.

Les héros, qui vont devoir confronter le meurtrier, sont des gamins formant un groupe d’amis, tous assez typés. Il y a l’intello avec son livre et ses lunettes ; en le voyant, on sait que, vu la subtilité du film jusque là, le personnage va être du genre à donner des leçons en balançant des infos récoltées à la bibliothèque. C’est effectivement le cas quand il parle des microbes à son pote en léger surpoids, un peu moins malin, qui fait tomber sa glace dans le sable. Ce gosse-là se nomme "Tuna"… no comment.
Le camion du glacier indique au départ "Watch out for children", puis à un moment donné, le "for" s’efface. Je pensais que "Ice cream man" allait se démarquer des films d’horreur habituels en s’attaquant enfin aux enfants ; je pensais qu’on allait donner tort à cette réplique sortie en début de film, "children always get away" ; je pensais que ce vieux fou (lui aussi marchand de glace, faut se méfier d’eux) qui parle aux enfants au début allait servir d’avertissement, alors que finalement… je ne sais pas du tout à quoi il sert, on ne le revoit pas.
En fait le glacier-tueur est même du genre à sympathiser avec les enfants, et l’un d’eux en particulier. J’ai pas bien saisi ce qu’il se passait, il semblerait que le gamin intello se lie d’amitié avec le marchand de glace, on dirait même qu’il subit un lavement de cerveau, et au final, sans qu’on n’ait vu là non plus le changement qui s’est effectué, on se rend compte qu’il trahit le tueur.
On ne peut pas non plus compter sur le développement des personnages de "Ice cream man".
Il y a un peu l’idée que les enfants sont laissés à l’abandon qui explique un certain comportement étrange de la part des adultes ; je trouve l’idée du père adultère qui reçoit un appel de sa maîtresse devant son fils amusante, mais du reste… le prêtre qui a des stigmates en pleine messe sans que ça semble anormal à quiconque, wtf ? Et pareil, comme de nombreuses sous-intrigues, l’histoire de l’adultère est perdue en cours de route.
Le seul truc qui marche plutôt bien dans ce film concernant la représentation de la séparation adultes/enfants, c’est le gag avec les photos du grand frère…

Je sais pas si les scénaristes cherchaient aussi à exploiter le thème de l’impuissance policière, mais encore une fois, les façons dont c’est représenté dans ce film dépassent l’entendement et abandonnent toute logique.
Le Ice cream man garde la viande de ses victimes dans sa camionnette, il met des morceaux dans ses cornets d’ailleurs. A un policier, il donne une glace à l’aspect vraiment merdique qui me fait me demander comment il fait pour avoir des clients, et dans laquelle il fout un globe oculaire ; pourquoi il fait ça ?! C’est tellement gratuit !
Et le policier, ne devrait-il pas sentir quelque chose de dégueu en bouche ? On voit carrément une pupille dépasser du cornet ! Juste après ça, on a un gros plan sur la bouche du policier qui fait rouler l’œil sur sa langue pendant trois plombes, les lèvres entrouvertes afin que l’on voie bien.
En plus de ne pas avoir de papilles gustatives, les policiers de ce film débarquent détruisent tout quand ils débarquent en un lieu, je ne sais pas vraiment à quoi ça leur sert mais ils renversent des bacs remplis de glace, ils "fouillent" je suppose. Résultat : ils sont désolés, ils n’ont rien trouvé. Sans blagues ?
"Ice cream man", c’est plein de moments d’un n’importe quoi total.
Ca pourrait être fun, mais malheureusement, la plupart du temps, le film traîne en longueur, manque de rythme, et paraît terriblement mou.
Quand on n’a pas un tintement de camionnette de marchand de glace en guise de "musique", la BO propose des morceaux qui essayent d’insister sur l’aspect tragique, ou de donner de la vigueur à des scènes d’horreur ou d’action : en vain.
La réalisation arrive à être correct la plupart du temps, mais il arrive durant certaines séquences que le placement de caméra soit affreux, multipliant les sautes d’axes qui nous perdent plus ou moins dans l’espace.

"Ice cream man"… Comment un film pareil existe ? Que quelqu’un ait pu accepter de financer un film d’horreur sur un glacier tueur n’est pas le surprenant, ce qui m’étonne c’est que quelqu’un ait accepté de financer un film d’horreur sur un glacier tueur avec un traitement scénaristique pareil (la réalisation et tout ça, après, c’est autre chose).
Ce qui est étonnant aussi, c’est de voir le casting : la semi-star Clint Howard (Apollo 13, EdTV, Austin Powers) dans le rôle-titre, David Warner (Tron, La malédiction, Titanic) dans un petit rôle, et pleins d’acteurs connus pour leurs séries B ou certains petits rôles : Sandhal Bergman (Conan le barbare, Red Sonja, Hell comes to Frogtown), David Naughton (Le loup-garou de Londres), Jan-Michael Vincent (acteur de Supercopter apparemment impossible à contrôler sur le tournage d’X-tro 2), Ryan Holliday (que j’ai reconnu pour son rôle de Lumpy dans La famille Addams), et Justin Isfeld (devenu le "MILF guy 1" de la saga American pie).
Il y a aussi l’actrice porno Traci Welles, qui fut la compagne du réalisateur, Paul Norman ; après une recherche IMDb à la suite de laquelle j’étais sûr que j’allais découvrir qu’il n’aurait rien réalisé dans le même genre que "Ice cream man" (ou rien du tout), j’ai vu que le reste de sa filmographie n’était constituée que de pornos !
[EDIT : Omg, c'est le réalisateur de la trilogie Edward penishands ! De mieux en mieux ! Si j'avais su que je verrais un film d'horreur de lui un jour...]
Rajoutez à cela qu’un des deux co-scénaristes a depuis réalisé Shanghai kid II et Echange standard…

Ice cream man, définitivement un OFNI, semblable à aucun autre.
Dommage que le film en lui-même ne soit pas aussi fascinant que tout ce qui l’entoure, ou aussi divertissant que le pitch aurait pu le laisser penser.
J’aurais attendu un délire plus poussé à partir du principe du glacier tueur, on a quelques idées sympas comme le couteau dans le "pouss pouss" ou les cornets humains, mais dans l’ensemble la particularité du personnage n’est pas assez exploitée.
J’aurais aimé que le film soit plus délirant que crétin, il aurait fallu pousser certains éléments plus loin…


D'autres articles sur le film qu'il me faudra lire :
http://www.freddyinspace.com/2012/08/with-eyeball-on-top-tasty-look-at.html
http://www.freddyinspace.com/2012/08/a-belated-post-about-on-time-birthday.html
http://jeffreymacabre.blogspot.fr/2011/06/ice-cream-man-review.html
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le 9 oct. 2012

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Wykydtron IV

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