La fête à la grenouille

La bonne surprise inattendue de la fin 2019, apparue en catimini sur les plateformes de streaming, pour nous autres spectateurs français.
"I see you" est une série B maline et efficace, tournée en trois semaines avec un budget restreint, qui oscille entre enquête policière, drame familial et ambiance paranoïaque.

A l'aide de lents travellings, de plans aériens, et de mouvements de caméra amples et fluides, le réalisateur Adam Randall parvient à instaurer d'emblée une atmosphère étrange et inquiétante, qui permet de capter l'attention du public durant la phase d'exposition - un brin longuette.

Par la suite, à la faveur d'un twist central assez bluffant qui s'accompagne d'un changement de point de vue, le récit se mue en véritable thriller à suspense, à la mécanique bien huilée.
Dès lors, les explications se succèdent concernant les évènements irrationnels de la première partie, avant que surviennent de nouvelles péripéties toujours plus dramatiques, jusqu'au dénouement qui nous dévoilera l'identité du dangereux pédophile qui semait la terreur dans la région.

Evidemment, l'ensemble pourra apparaître artificiel, et agacera ceux qui restent allergiques à ce type de construction narrative sophistiquée, forcément lestée de quelques facilités et invraisemblances.

Ce n'est heureusement pas mon cas, et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette histoire plutôt originale, portée par une ambiance bien flippante par moment, et par une certaine virtuosité scénaristique (le script est l'œuvre du jeune comédien Devon Graye).
De plus, une bonne partie du film se déroule en huis-clos dans la maison familiale, et la gestion de l'espace se révèle remarquable.

Pour son troisième long-métrage, l'inconnu Adam Randall signe donc une série B épatante, d'autant que le casting est composé de quasi inconnus, à l'exception notable de Helen Hunt, dont le visage porte douloureusement les stigmates des années et (surtout) de la chirurgie.