Nous sommes l'Ordre...des Gargouilles !

(Je tiens à préciser en avant-propos que je vais spoiler, ce qui n'est pas vraiment grave, tout le film. Je me le tape en long en large et en travers pour que vous n'ayez pas à le faire. J'attendrai de ce fait vos remerciements à la fin de la critique comme un honnête guide touristique. J'accepte aussi les tickets restaurants et les passes gratuites cela va sans dire.)


On connait tous l'histoire de Frankenstein, tous. Bon visiblement le réalisateur du film en a, lui, une vague idée et à décidé de ce fait d'aller impunément chier dessus. Je n'avais pas vu ça depuis le mindfuck suprême, le si bien nommé Abraham Lincoln, chasseur de vampires.


On cherche tous de même à t'expliquer en deux-deux l'histoire pour se donner bonne conscience. Et c'est vrai quoi, j'essaie d'imaginer quelqu'un qui ne connait pas le livre ou n'a vu aucun film sur le sujet, un bambin dirons nous. Ce même quelqu'un, appelons-le Francis, se dit "Eh ça a l'air marrant et nanar, je vais voir ce truc. Oui par contre file moi une bière avant on ne sait jamais. De un je vais la boire pour faire passer la pilule et de deux, si c'est trop mauvais j'aurai au moins un projectile pour me défendre de cette bouse". Francis s'inflige donc ce visionnage car Francis est un peu con, ça arrive ces choses là. Et voilà que Francis, dont la culture de masse est inexistante, ne comprend rien à l'histoire. Tout va très vite au début, on te lâche dans un univers super bancal en te donnant des informations par ci par là (on est au XVIIIe siècle, la Chose s'est farcie la femme de Frankenstein en la tuant sans laisser de marque, le docteur et lui se poursuivent l'un l'autre, le docteur crève, blablabla, je m'en balance comme de mon premier suppositoire) pour que le spectateur lambda fasse lui-même le travail de réflexion.


Notre ami Francis se demande vraiment pourquoi tout le monde se prend tellement au sérieux dans ce film. Pourquoi un ordre de "Gargouilles" récupère la Chose de Frankenstein pour essayer de le convaincre de casser du démon très mal synthétisé ? Parce qu'il a en lui le pouvoir ? Attends, il s'est pas fait défoncer par trois clampins dans la scène d'avant ? Bref, passons. L'Ordre vit dans une sorte de maxi-cathédrale au beau milieu d'une ville très mal faîte et possède... une armurerie ? Sérieux les gars ? C'est discret votre truc dis donc. Surtout dans un lieu de culte. Personne ne l'a remarqué ou bien c'est juste moi qui n'entrave que dalle à cette logique pourtant implacable ? Ces scènes servent simplement à nous introduire un tas de personnage histoire de nous les balancer plus tard le classique "ah mais on se connait, bro. Viens on va sauver le monde." Oui parce que je dis "introduire", je suis clément. On les voit cinq minutes à tout péter avant que la Chose (que l'on a baptisé Adam. Très original...) ne décide de se casser très loin et on oublie aussi vite leurs tronches beaucoup trop lisses pour des gargouilles.


Adam erre sans qu'on sache trop pourquoi dans les montagnes, s'entraine au bâton, défonce du démon à l'occasion et... c'est tout car visiblement il n'y a rien d'autre à faire. Mais nous n'avons pas le temps de nous ennuyer avec lui que plusieurs siècles s'écoulent et nous voici à l'époque moderne, dans la même ville moche que tout à l'heure. Adam, qui, décidément ne sait pas quoi faire de ces journées, immortel qu'il est, se met à traquer des démons. Sérieusement, même dans Buffy on s'y croyait davantage. Là tes démons ils suintent des étincelles quand tu les tabasses. Une sorte d'eczéma je présume... Toujours est-il qu'Adam prend en chasse un groupe de démons venus tranquillement se payer un coup dans un night-club. A un moment y'a un flic dans l'histoire mais il se fait bouffer alors on s'en fout. C'est partit pour la course poursuite/je fais du parkour la plus courte du cinéma, le démon s'échappant drôlement vite vers un manoir des plus...bah c'est un manoir quoi. Au sein du dit manoir, se cache la base des démons, elle-même gouvernée par Billy Nighy qui a décidé que le film serait un spin-off de Underworld. Billy n'est autre que le prince machintruc, révélation, et met à son service des scientifiques (dont une nana blonde plutôt jolie qu'on devinera être le love-interest du bousin) afin de recréer la technique de résurrection de Frankenstein. Le mec y arrivait avec deux poils de cul et un éclair mais eux avec leur technologie de bâtard peinent à obtenir des résultats.


Mais voilà que j'entends des battements d'ailes ! Wouahhh ! Adam se fait attraper par une gargouille dont les ailes de pierre ne le gêne absolument pas, c'est incroyable !! On l'emmène jusqu'à la cathédrale où il rencontre de nouveau les gargouilles dont l'apparence (même les cheveux) n'a pas changé en deux cent ans, pour lui faire la morale sur ses agissements. Vous ne vouliez pas qu'il tue des démons ? Pourtant c'est ce qu'il a fait, non ?


S'ensuit une guerre générale extrêmement soudaine mais je voudrais m'arrêter sur un point. On est à l'époque moderne, on a donc des caméras, des télés, des satellites partout, on est d'accord ? Alors pourquoi la ville à l'air si vide lorsque des centaines (sérieusement) de démons envahissent la cathédrale et que du feu est vomit un peu partout ?


L'action est mal branlée au possible. Des personnages crèvent bêtement sans que tu te souviennes si leurs noms a déjà été mentionné. Bref, tout va trop vite, on ne s'attache à rien ni personne etc. On se doute juste qu'une défaite pareille va avoir pour conséquence de nous foutre une remontée éclair jusqu'à ce que le bien l'emporte. C'est tellement prévisible que même Nadine Morano pourrait le deviner, c'est dire...


Adam s'introduit dans le labo du manoir démoniaque avec la discrétion d'un orang outan sous coke et tombe sur un Billy Nighy étrangement complaisant. Oh, non, on se doute pas qu'il veut le chopper pour en faire un cobaye, non pas du tout... Mais Adam n'est pas dupe et redescend de son trip à la coke en tombant si fort par la fenêtre qu'il arrive directement jusqu'au métro. Avec une telle force le mec aurait dû l'exploser aussi mais bon ce n'est pas important. L'important c'est qu'il possède le livre plein de jolis dessins du docteur Frankenstein et qu'il peut désormais tenter de percer le mystère de sa vie (c'est vraiment un mystère ?) aux côtés de la nana du labo qui s'acoquine de lui sans raisons vu que le bougre, en plus d'avoir une sale gueule, est chiant comme la mort.


Les péripéties s'enchaînent sous l'oeil médusé du spectateur : la nana se fait reprendre par les méchants alors qu'Adam va demander de l'aide aux gargouilles. Pratique pour se la jouer Mario par la suite, dis donc. Les gargouilles ne vont visiblement pas l'aider car eux aussi veulent le journal... Bon soit. Pas très aidant sachant que le type aurait pu bosser avec vous pour poutrer les démons et réanimer les vôtres mais bon, la logique est ce qu'elle est... illogique donc.


Du côté du manoir, Billy Nighy tue un scientifique afin de forcer la nana blonde à le ressusciter, elle qui connait maintenant tout le bouquin et qui est capable d'adapter toute cette connaissance sur des ordinateurs ultra-perfectionnés. Elle est douée la petite. Evidemment, cela va également permettre de réanimer les démons morts pour que méga-baston il y est.


Adam marave de la gargouille mais c'est seulement pour les mener jusqu'au QG des démons que les gentils ne devaient visiblement pas connaitre à voir leur étonnement. Il y a donc bien une baston entre le bien et le mal à laquelle Adam ne participe que brièvement histoire de nous caser une référence merdique à Matrix 2. Non, Adam lui préfère se taper Billy Nighy et on peut le comprendre. Sa version démon est tout ce qu'il y a de plus sexy, non vraiment il envoi du rêve... Surtout quand il meurt planté du symbole des gargouilles sur le bide à savoir un remix de la croix de Lorraine.


Les gentils gagnent donc, il fait de suite jour, le love interest est sauvegardé, mais chastement attention, surtout pas de bisous et encore moins de baise/on a survécu à la mort.


Fantastique cette fin... Francis aurait bien aimé avoir un pack de douze à balancer sur son écran de cinéma plutôt qu'une simple bière en début de film. On le comprend aisément...

Fosca

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

13
2

D'autres avis sur I, Frankenstein

I, Frankenstein
Swzn
1

I, Frankentruc, ou comment chier sur un mythe avec brio.

Ahahah bordel, mais qu'est-ce-que je viens de voir, j'en reviens toujours pas. Je n'ai jamais vu un film atteindre aussi vite le degré zéro ; il réussi avec brio à toucher le point de non-retour dès...

Par

le 31 janv. 2014

43 j'aime

6

I, Frankenstein
Fosca
2

Nous sommes l'Ordre...des Gargouilles !

(Je tiens à préciser en avant-propos que je vais spoiler, ce qui n'est pas vraiment grave, tout le film. Je me le tape en long en large et en travers pour que vous n'ayez pas à le faire. J'attendrai...

le 20 oct. 2015

13 j'aime

2

Du même critique

Juste la fin du monde
Fosca
8

Natural Blues

Bien malin celui qui parvient à noter sereinement ce film. Personnellement il ne m'est guère aisé de le glisser au sein d'une échelle de valeur. Dans tous les cas, une note ne pourra s'avérer...

le 22 sept. 2016

190 j'aime

13

Grave
Fosca
8

Deux sœurs pour un doigt

Bien que préparé à recevoir ma dose de barbaque dans le gosier sans passer par la case déglutition, je ne peux qu'être dans un tel état de dégoût et d'excitation à la fin de ce film qu'il me sera...

le 21 févr. 2017

134 j'aime

23

Mother!
Fosca
8

L'Antre de la Folie

Au commencement... Comment commencer à parler de ce film sans en révéler toute l'essence ? C'est bel et bien impossible. Le nouveau venu de chez Aronofsky n'est pas une œuvre dont nous pouvons parler...

le 8 sept. 2017

84 j'aime

18