Avec son regard cynique sur la société américaine actuelle, ce film ne manque pas de nous rappeler un peu l'excellent « God bless America » même s'il est loin de l'égaler on retrouve quand même une volonté d'aller dans le même sens. Bien que tout soit exacerbé quand on parle des USA, on retrouve quand même certains comportements chez nous, empreints d’égoïsme et d'ignorance de l'autre qui laissent à réfléchir.
Ruth, une jeune femme sans histoire qui navigue dans ce monde qu'elle a du mal à comprendre se fait cambrioler. Ce n'est pas pour la valeur de ce qui lui a été pris qu'elle se sent mal, mais surtout à cause du geste. La police n'ayant pas le temps de s'occuper de ce genre de « petite » affaire, elle décide de prendre en main la recherche des cambrioleurs et aidée par Tony, un jeune homme qu'elle vient de rencontrer et qui vit aussi dans son propre monde, elle va se retrouver prise dans une suite d’événements qui la dépassent rapidement.
Même si le film en lui-même n'est pas spécialement original, les thématiques abordées et la façon dont c'est fait restent intéressants car c'est rarement traité de cette façon. La mise en place de la situation avec des petites scènes qui paraissent anodines mais qui sont autant d’incivilités au quotidien qui finissent par peser sur tout un chacun amène bien le sujet. L'histoire commence donc rapidement et naturellement au moment où la coupe déborde et que le personnage principal se dit « Maintenant ça suffit, il faut que je fasse quelque chose ! » C'est en ça que je retrouve un parallèle avec God bless America, ce trop plein qui fait que Madame ou Monsieur tout le monde pète les plombs. La différence est qu'ici le personnage principal va tenter de réparer les torts qu'on lui a fait avec l'intention de faire comprendre à la personne qui lui a nuit que « ce n'est pas bien ». L'approche est moins violente et définitive dans les intentions du personnage. Il y a parfois quelques scènes un peu maladroites et quelques temps morts mais dans l'ensemble le film reste bien fait et on se retrouve devant une critique plutôt acide de cette société américaine en train de se dévorer de l'intérieur.
Il faut avouer que le duo d'acteurs fonctionne bien. Mélanie Lynskey qui incarne Ruth rend bien la caractère un peu naïf et idéaliste de la jeune femme et lui donne un certain aspect comique car décalé par rapport à ce monde qui l'entoure (d'où le titre du film). Elle est vraiment crédible dans le rôle et apporte aussi une certaine fraîcheur dans des scènes qui pourraient être un peu lourdes. Elle est très convaincante et porte bien l'histoire. Elle est accompagnée par un Elijah Wood très loin de Frodon et c'est tant mieux. L'acteur a réussi à se défaire ce rôle qui lui a collé un certain temps à la peau et nous offre le personnage de Tony, un jeune homme un peu original et qui lui aussi vit en marge de cette société. Il s'est forgé une philosophie empreinte de culture asiatique et amateur d'armes japonaises, il se balade souvent avec un nunchaku et des Shuriken persuadé de savoir s'en servir... D'un abord désagréable et un peu renfermé, il devient vite assez attendrissant au fur et à mesure qu'il se rapproche de Ruth et qu'il embrasse sa quête. J'ai beaucoup aimé son interprétation.
Ce n'est certainement pas un film dont je me rappellerai longtemps mais je trouve qu'il vaut la peine d'être vu, ne serait-ce que pour le sujet qui amène quand même à réfléchir un peu sur nos contemporains et leurs comportements (nos comportements ?). C'est le genre de film qui ne peut pas plaire à tout le monde, certains n'y trouveront aucun intérêt, d'autres parleront de violence gratuite ou encore s'ennuieront devant le film et je peux tout à fait le comprendre. Regardez le en connaissance de cause, mais je conseille pour ceux qui aiment ce type de films un peu en marge.