Agrippine à propos de Néron : Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices

Mr. Snow, après tout ce que vous avez vu dans le monde, dites-nous à quoi servent les Hunger Games.

En arrière-plan de l'humanité, se tapit un animal capable du pire, qu'il est nécessaire de museler, dans l'intérêt de tous

"Hunger Games: La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur" marque le cinquième volet de la série cinématographique inspirée du roman de Suzanne Collins. Francis Lawrence, le réalisateur à l'origine de la plupart des films précédents, dont Hunger Games: L'Embrasement, Hunger Games: La Révolte - Partie 1 et La Révolte - Partie 2, reprend les réalisation pour assurer le retour de la franchise sur grand écran. Il s'agit d'une préquelle de science-fiction qui se concentre sur l'antagoniste principal de la saga originale, magistralement interprétée par Donald Sutherland dans le rôle du président Coriolanus Snow. Cette idée bienvenue nous transporte plus de 60 ans en arrière par rapport aux événements du premier Hunger Games, nous offrant ainsi un aperçu du Capitole pendant les fameux « Jours sombres », à l'origine de la création des Hunger Games. Ensuite, le récit nous ramène dix ans plus tard, lors de la dixième édition des jeux. Ce contexte riche offre un aperçu de nombreux éléments cruciaux que le scénario de Michael Arndt explore au fil de trois chapitres captivants. Bien que l'on puisse regretter une introduction succincte, où la guerre entre les Districts et le Capitole, à l'origine de la création des Hunger Games par le père de Snow, est à peine effleurée (peut-être un sujet pour un autre spin-off), le récit se rattrape en détaillant les événements qui façonnent l'homme et le conduit à suivre les traces tyranniques de son papa. Nous suivons ainsi les différentes étapes de sa vie qui vont le propulser vers les marches du pouvoir, mais pas jusqu'à son sommet. Cette absence peut susciter une légère frustration, car c'est au moment où l'homme de pouvoir se dévoile pleinement devant le Capitole qu'il aspire à dominer que l'histoire prend fin. Toutefois, l'exploration des éléments qui amènent Snow à perdre sa bienveillance humaine pour adopter une réalité implacable et durcir son jugement est particulièrement captivante. Ce cheminement élaboré nous offre également une compréhension approfondie de la signification de la célèbre citation emblématique du président: « Ce sont les choses auxquelles on tient le plus qui nous détruisent ».


Une histoire captivante qui nous plonge dans un univers riche en drame, en tension et en rebondissements, offrant une perspective inédite des Hunger Games. Cette version se distingue nettement du format initial, délaissant le caractère purement attractif du jeu pour explorer des aspects tels que les lobbys, les paris, et d'autres éléments qui insufflent une nouvelle vie à cette compétition, la préservant de l'oubli imminent. Ce développement stratégique, orchestré par Snow lui-même, élargit les horizons du jeu en le connectant au monde politique gravitant autour du Capitole. Les références aux premiers films Hunger Games sont abondantes, peut-être même un peu trop, à tel point qu'il arrive parfois que cela paraisse quelque peu artificiel. Certains clins d'œil pourraient être éliminés au profit d'autres, jugés plus pertinents. Les actions, bien que loin d'être sensationnelles, parviennent à offrir un divertissement minimal, bien que l'on regrette l'absence de séquences véritablement emblématiques. Une scène se démarque cependant lors de l'attaque des serpents "Arc en ciel", bien que celle-ci ne soit pas époustouflante. L'apogée se trouve dans la conclusion entre Snow et sa bien-aimée, qui, même si elle ne dévoile pas une séquence spectaculaire, propose une scène tendue d'une maturité étonnante. Cette maturité se révèle dans le développement psychologique de Snow et dans sa relation avec Lucy Gray Baird, qu'il doit encadrer lors des jeux du dixième Hunger Games. La dynamique de cette relation a été une agréable surprise, car, bien qu'elle débute comme une simple amourette, elle évolue de manière inattendue et s'avère tout sauf facile et caricaturale. En fait, c'est le développement des relations entre tous les personnages qui se révèle être une source de surprises de manière plus générale. La réalisation de Lawrence est propre, bénéficiant de la photographie de Jo Willems pour capturer de manière convaincante les décors d'un Panem d'une époque révolue, conçu par Uli Hanisch et accompagné des costumes plus ou moins réussis de Trish Summerville. Toutefois, j'ai été quelque peu déçu par la composition musicale de James Newton Howard, qui se repose principalement sur d'anciens titres de la franchise.


L'ensemble des protagonistes présentés offre une diversité engageante, certains suscitant un réel intérêt grâce à leur complexité, tandis que d'autres parviennent à créer une connexion émotionnelle forte en raison de leur caractère attachant. En revanche, je dois avouer être quelque peu agacé par le fait qu'une fois de plus, lors de la moisson des Hunger Games, seuls des adolescents sont sélectionnés, bien que pourtant tout le monde soit censé y participer. Je dois admettre que la performance de Tom Blyth dans le rôle de Coriolanus Snow m'a véritablement impressionné. Pendant les deux premiers chapitres, bien qu'intéressant, il ne m'apparaissait ni très charismatique ni particulièrement menaçant. Cependant, lors du troisième chapitre, lorsque sa tête est rasée de près, il gagne en charisme, arborant une stature tout à fait différente qui rend hommage à la brillante performance de Donald Sutherland. C'est donc d'autant plus regrettable de quitter ce personnage au moment où il dévoile sa facette la plus captivante. Personnellement, je ne suis pas fan de l'actrice Rachel Zegler en raison de certains commentaires misandres et stupides qu'elle a pu faire, mais je m'efforce toujours de ne pas mélanger l'artiste et l'œuvre. Cela a été une chance tant pour elle que pour moi, car j'ai apprécié son interprétation de Lucy Gray Baird. Ce personnage féminin se présente dès le début et jusqu'à la fin comme l'antithèse de Katniss Everdeen, ce qui, pour ma part, évite la redondance de ce que nous avons déjà vu. J'avoue avoir ressenti de l'appréhension lors de sa première apparition, alors qu'elle chantait sur la scène du tirage au sort, oscillant entre une audace dramatique réussie et le risque de sombrer dans le mauvais film. La performance de Peter Dinklage dans le rôle de Casca Highbottom est très convaincante. Il incarne de manière authentique un personnage tourmenté qui joue un rôle crucial en tant qu'instigateur involontaire des Hunger Games, aux côtés du père de Snow. Quant à Viola Davis, elle se révèle particulièrement diabolique dans le rôle du Dr Volumnia Gaul. J'aurais apprécié voir leur relation davantage explorée avec Snow. Enfin, Hunter Schafer pour Tigris Snow fait bien le taff, j'imagine qu'"elle"... pardon... "il"... non plutôt "ielle"... oh et puis merde... qu'« ELLE » deviendra par la suite la femme de Snow, bien qu'elle soit sa cousine.


CONCLUSION :

"Hunger Games: La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur", réalisé par Francis Lawrence, offre une plongée convaincante dans l'univers pré-Hunger Games, explorant les racines du président Coriolanus Snow. Bien que l'action ne soit pas le point fort de l'œuvre, elle se distingue par son succès dans le développement de son environnement et des jeux, offrant une élaboration dramatique convaincante de ses personnages. L'interprétation de Tom Blyth dans le rôle de Snow est efficace, évoluant de manière remarquable au fil du récit, tandis que le casting, notamment Peter Dinklage et Viola Davis, ajoute une profondeur supplémentaire. Je sens venir plein d'autres spin off en cas de réussite, ici.


Un retour aux origines des jeux qui ne marquera peut-être pas l'histoire de la saga, mais qui, dans l'ensemble, se révèle convaincant.

Votre rôle est de transformer ses enfants en bêtes de scène, pas en survivants.

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le 17 nov. 2023

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