Malgré son apparente charge abstractive Hôtel Monterey n'a rien d'un film-concept : Chantal Akerman lorgne davantage du côté d'un art purement figuratif, essentiellement composé de longs plans revisitant l'espace d'un hôtel pour mieux susciter l'ouverture. Eclairé par la talentueuse Babette Mangolte ce film étonnant baigne dans une lumière granuleuse, proche d'une mouvance picturale pratiquement hypnotique. Akerman dirige sa chef opératrice en privilégiant la travail sur les lignes de force, la symétrie et l'asymétrie : la caméra explore bon nombre de recoins de l'édifice, auscultant les intérieurs avec une imperturbable science du cadre.


Il s'agit là d'un film échappant totalement au temps qui passe, d'une oeuvre aérée dans sa portée réflexive doublée d'une incroyable proposition de cinéma. Incarné et bien plus riche qu'il n'en a l'air à priori Hôtel Monterey est un moyen métrage qui donne énormément à voir : libre au spectateur d'assimiler, de digérer cette succession d'images ou de vagabonder au gré d'un ennui probable. Intégralement muet, dépourvu d'acteurs et de récit ce film expérimental permet à Chantal Akerman d'apposer un regard inédit sur la manière d'appréhender un tournage... Ainsi Hôtel Monterey, film sur la présence et le déjà-là, existe principalement en aval de sa pré-production : Chantal Akerman n'a jamais recours au filmage fonctionnel, recherchant en permanence l'approche de son Sujet. Empirique, Hôtel Monterey s'apparente d'une certaine façon à un large making of sans discours ni démonstration d'aucune sorte. Un film aussi libre que littéralement fascinant.

stebbins
7
Écrit par

Créée

le 12 oct. 2015

Critique lue 393 fois

5 j'aime

stebbins

Écrit par

Critique lue 393 fois

5

D'autres avis sur Hôtel Monterey

Hôtel Monterey
AyanamiRei
5

Pas une critique!

Vu sur OK, pour l'hommage Premiers Plans. To quote an average person: "Absolutely nothing. Like watching paint dry." Apparent work on the symetry, lines etc that make the hostel. Maybe camera...

le 22 avr. 2021

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5