‘’La science l’a créé. Chuck Norris doit le détruire.’’, voici l’accroche alléchante de ‘’Silent Rage’’, un Slasher des plus étranges, sorti en salle en pleine période d’expansion du genre, dont la particularité est d’avoir dans le rôle principal Chuck Norris… Né d’une tentative de croisement entre ‘’Halloween’’ et ‘’Lone Wolf McQuade’’, issue de la cervelle de producteurs persuadés que croiser le Slasher avec Chuck Norris, c’est la certitude d’un succès assuré.
Pour couper court à tout suspens, dans l’ensemble ‘’Silent Rage’’ c’est vraiment moyen. Pas tellement un très bon Slasher, loin d’être un bon actioner, la volonté de greffer deux genres accouche au final d’une œuvre qui ne sait jamais sur quel pied danser. Incapable de trouver une propre identité, pollués de plus par un humour bas de plafond censé détendre l’atmosphère, qui ne fait que péter la tension nécessaire pour faire naitre un certain intérêt.
Le postulat, bien capilotracté est le suivant : un type souffrant d’une maladie mentale pète un boulon, et se met à tuer des gens à la hache. Le shérif de la ville, Chuck Norris, intervient et abat le type de plusieurs balles. Ce dernier survit à ses blessures, et devient le rat de laboratoire d’une équipe médicale douteuse, et en particulier un chirurgien qui a vraisemblablement séché les cours de déontologie à la fac. Il injecta dans le légume un produit révolutionnaire, au mépris des mises en garde d’un autre médecin qui lui semble savoir ce que veut dire ‘’éthique’’.
Le sérum miracle injecté répare les blessures presque instantanément. Dans le coma, le tueur reprend conscience, plus fort qu’avant il est devenu un humain augmenté. Une bonne idée ça que d’améliorer les aptitudes physiques d’un serial killer hyper violent.
Ce dernier se réveil, bute les toubibs, et se met à écumer la ville à la recherche de sang. Devenu invulnérable, les balles ne le tuent pas, ses blessures se referment, faisant de lui une sorte de Michael Myers à visage découvert.
Œuvre hybride s’il en est, ‘’Silent Rage’’ échoue à délivrer un Slasher efficace, puisque l’ensemble manque cruellement d’ampleur et d’enjeux. C’est finalement juste un film d’action lambda, pas forcément réussi, qui prend des éléments au Slasher, par le biais d’une démarche questionnable, qui renseigne un peu sur la nature de pur exploitation du film.
Si le Slasher est par excellence un genre d’exploitations, créé dans le but de rapporter de la maille à ses producteurs, il existe différentes strates à cette démarche. Des productions sont parfois confiées à des personnes soucieuses de bien faire. Le vice est même parfois poussé jusqu’à à confier ces projets à des metteurs en scène ayant une vision artistique. Ici, il n’en est rien. Visiblement la volonté de bien faire est aux abonnées absentes, et vu sous un angle artistique, c’est un pur naufrage.
Il n’y a pas grand-chose qui fonctionne dans le métrage, au point que les meilleures séquences sont celles où Chuck Norris se bagarre. Et il se bagarre beaucoup, avec tout plein de gens. Jusqu’à l’affrontement avec le Serial Killer. Mais du coup, ça donne une impression d’être face à un épisode de ‘’Walker Texas Ranger’’, avec une intrigue policière, de l’action et de la bagarre. Sauf que par moment, y’a un rappel sur la tentative de faire un Slasher. Sont alors balancées, à qui veut les recevoir, de petites séquences de meurtres à peine sanglantes.
C’est là le problème principal de ‘’Silent Rage’’, il ne fonctionne pas et échoue sur tous les tableaux. Le résultat est faiblard, peu divertissant, jamais drôle ou bien flippant. À partir du moment ou en face du tueur y’a Chuck Norris, l’issu du métrage fait peur de mystère. Il est évident que ce bon vieux Chuck va poutrer l’assassin. Au point que ce soit indiqué sur l’affiche.
Les réflexions avant-gardistes possibles, sur les dangers d’une science en roue libre, et sur l’humain augmenté, qui de nos jours est une problématique présente dans des œuvres de S-F, , auraient pu apporter une autre dimension au métrage. Malheureusement il se contente de n’être qu’une série B limitée, valant à peine le détour. Si deux ou trois scènes font mouche, comme lorsque Chuck Norris se farcit une vingtaine de redneck, dans l’ensemble c’est pauvre.
C’est avec une déception certaine que le regard se pose sur cette œuvre pourtant prometteuse dans le ‘’WTF ?’’. Malheureusement tout est à côté de la plaque, et si c ‘est bien ‘’WTF ?’’, ça l’est dans le mauvais sens. Celui d’une accumulation désespérée de séquences peu inspirées espérant que mettre bout à bout des morceaux de genre, ça peut donner quelque chose.
C’est la le gros problème de ‘’Silent Rage’’, une impression tenace de voir des types essayer de faire quelques chose en misant aléatoirement sur la bonté d’un Dieu du Cinéma qui n’existe pas. C’est donc juste des mortels qui se sont foiré dans une tentative douteuse de vouloir surfer sur l’exploitation de plusieurs genres en même temps.


-Stork._

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le 29 févr. 2020

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