Il y a des films, des histoires, des séquences qu'on apprécie et qu'on a envie de partager, d'inviter les amis, d'offrir aux proches, de faire connaître, de dire «vas y, c'est un moment d'émotion, de plaisir, de découverte». Voilà ce que j'avais envie d'écrire ici sur ce film mi-fiction/mi-documentaire Hiver Nomade.

Histoire très simple, c'est le récit d'une transhumance, du retour de montagne jusqu'à la plaine, d'un troupeau de huit cents moutons, accompagnés de trois ânes, quatre chiens, un berger et une bergère, «un peu stagiaire, un peu copine».

Ça se passe en Suisse et nous suivons pendant quatre mois ce chemin, ce mouvement des bêtes sous un hiver rigoureux. Depuis toujours qu'elle existe cette transhumance, comme une aventure dans la nature riche et hostile, avec ses règles, ses limites et ses passionnantes, rudes mais aussi sereines confrontations.

Aujourd'hui, le chemin de la transhumance n'est jamais très loin de la «civilisation», des autoroutes, des lotissements, des riches demeures bien géométriques. Peu importe, cela n'empêche pas, même s'il faut tracer son chemin, sans gêner le voisin ou le gros agriculteur qui ne veut pas que le troupeau traverse son champ, et nous ramène à des proportions plus cohérentes avec le vivre ensemble de la nature et l'environnement.

Ils nous montrent, car ils nous amènent dans cette découverte, nous guidant, nous apprenant à observer comment on accompagne les animaux et on les respect dans ce milieu exigeant, austère et où on trouve toujours une place pour se ressourcer.

De très belle images, d'une nature «très suisse», (dans l'image qu'on se fait de son uniformité) et pourtant que de vie à l'intérieur, dans ses détails que la marche du troupeau et des bergers nous permet de découvrir.

Il n'y a pas de nostalgie d'un monde d'avant, il n'y a pas de «retour à la terre» pour citadins curieux, il y a l'expérience d'une confrontation à la vie, de l'acceptation d'un rythme qui autorise de vivre singulièrement et d'en bénéficier pour soi. Une façon de nourrir et rendre ces «agneaux délicieux», car c'est bien ça la finalité de leur travail professionnel.

Depuis trente ans que Pascal, le berger, fait ce travail et sa jeune compagne, Carole, apprentie bergère, nous donnent à réfléchir sur la valeur des choses, des choix, des intentions d'avenir. A la fin, chacun reprend sa route, pas toute à fait de la même façon.

* C'est le premier long métrage de Manuel von Stürler, avec Pascal Eguisir et Carole Noblanc, (les bergers) qui a obtenu un prix au festival de Berlin en 2012 et un autre en Suisse, en 2013.
Publié in http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/230413/voir-hiver-nomade
ArthurPorto
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le 22 sept. 2013

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