Un peu comme "Bovines" l'année précédente, "Hiver nomade" offre un point de vue apaisé et distancé sur un troupeau. Sauf qu'ici, il s'agit de moutons et non de vaches, et que la caméra s'attarde beaucoup plus sur les humains que sur les ovins ou bovins.


Un documentaire très simple sur la transhumance hivernale (dont je ne savais pas grand chose, par opposition à l'estivale), avec très peu d'éléments de contexte. On suit tranquillement le même chemin que Pascal et Carole, un berger d'une cinquantaine d'années un peu bourru et une jeune bretonne qui en avait marre du métro-boulot-dodo. Tous deux traversent les paysages suisses enneigés et nous laissent entrevoir un métier et une passion (ils le répètent, et c'est une bonne chose car on pourrait ne pas le deviner). Le chemin n'est pas de tout repos, il est même semé d'embûches entre les riverains qui refusent de laisser passer le troupeau sur leurs terrains, la neige ou encore les chiens qui mordent un peu trop fort les gigots.


Beaucoup de marche, sur des chemins variés ou à flanc de montagne, des instants de réconfort et de chaleur auprès de quelques bonnes âmes rencontrées par hasard sur la route, et des journées qui se terminent toujours à la lisière d'une forêt, dans un camp que les deux bergers montent et démontent quotidiennement, inlassablement. Chaque jour, ils sont en quête de nouveaux pâturages. De temps en temps, leur employeur vient prélever quelques bêtes.


C'est un joli portrait, une activité atemporelle, un peu coincée entre le passé et le présent, mais qui cohabite parfaitement avec la modernité. Les journées sont rudes mais la caméra Manuel von Stürler ne s’appesantit pas sur un quelconque malheur, elle témoigne de ces conditions avec une grande simplicité (peut être un peu trop par moments, mais c'est un point de vue qui se défend à mon sens très bien), teintée d'humilité. Même la dimension ancestrale de ce mode d'élevage, par opposition à l'agriculture intensive, ne se fait pas pesante mais nourrit un débat subtil et implicite. On suit cette migration dans toute sa lenteur, son calme, sa tranquillité, son intimité. Il y a toujours la bonne distance au(x) sujet(s). La pluie et la neige, l'herbe et la terre, la rigueur de l'hiver et le réconfort d'un feu de camp. Deux bergers, trois ânes, et huit cents moutons.

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le 4 mai 2017

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Morrinson

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