Quel beau film !

Le fils de Jafar Panahi, pour son premier film a réalisé un coup de maitre ! Ce n’était pourtant pas facile de se démarquer de son père ou d’Abas Kiarostami, auxquels ce long métrage fait référence, mais en y apportant une touche personnelle qui m’a personnellement enchanté, il y est parvenu haut la main.

Ce Hit the road est tout à fait remarquable dans le sens où il traite d’un sujet grave avec un humour ravageur. Un humour vachard, décalé, ironique, mélancolique, qui vient soutenir les personnages pour qu’ils ne tombent pas dans le désespoir et euphoriser les spectateurs pour qu’ils ne tombent pas dans la déprime.

Le sujet est grave : dans l’Iran actuel, beaucoup décident de quitter leur pays pour aller à l’étranger voir si l’herbe est plus verte et le futur moins bouché. Et ce n’est pas toujours de gaité de cœur qu’ils laissent famille, amis, maison, coutumes, paysages magnifiques, etc…, sans compter que bien souvent la famille fait beaucoup de sacrifices pour payer des passeurs et offrir la possibilité d’un exil à l’un d’entre eux.

D’ailleurs ici, le personnage du fils qui s’en va est triste, peu loquace, presque déjà parti. Ce sont le père et la mère qui vont s’évertuer à distiller de la gaité et de l’insouciance dans leur voyage pour accompagner leur fils ainé vers un avenir meilleur et aussi pour ne pas inquiéter son petit frère, véritable boule de vitalité et de ce fait pas toujours évident à gérer.

La bonne surprise, c’est aussi que Panah Panahi a extrêmement soigné sa mise en scène, avec un rythme sans temps morts, de très beaux plans séquences et des cadrages au cordeau qui mettent en valeur les somptueux paysages du Nord-Ouest de l’Iran.

Il y a esthétiquement parlant plusieurs séquences d’anthologie comme celle du gamin exultant au dessus de la voiture (cf affiche du film) ou celle de son père dissertant sur la voiture de Batman avec la voute étoilée en toile de fond.

La musique joue également un rôle important, à la fois pour donner un exemple de ce qu’est la culture iranienne que le fils ainé va devoir quitter et pour participer à l’envoutement et à la drôlerie de quelques scènes de danse dans la voiture.

Les acteurs sont eux aussi saisissants, du père pince sans rire à la gueule Kusturicaine et sa grosse barbe d'ogre de conte de fée, à la charmante mère inquiète passant sans crier gare du rire aux larmes, au jeune fils petit clown , hyper vitaminé qu'il faut parfois attacher à un arbre pour qu'il ne fasse pas de bêtises et enfin, en contrepoint, au fils ainé taciturne, écrasé par le poids de sa responsabilité face à son avenir.

Tous ces éléments concourent à nous offrir un véritable petit bijou persan,farsi de qualités !

Quand l'humour s'allie à la beauté, ça donne forcément du grand cinéma !

Roinron
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le 3 mai 2022

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Roinron

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