Film vu lors de la cinexpérience #16.


Une claque dans la gueule, une bonne grosse claque dans la gueule voilà ce que l'on resent à la suite du visionnage de High Rise, la dernière fois que j'avais ressenti cela c'était pour Requiem for a Dream, film que j’adule particulièrement.
Il y a énormément de chose à dire sur High Rise, qui est une oeuvre dense et maîtrisée. Le scénario est une adaptation d'un roman de J.G Ballard.
Pour commencer l'action se déroule dans des années 70 fantasmées, dans une gigantesque tour d'une trentaine d'étages faisant partie d'un complexe plus vaste de 5 tours au total qui sont censées représenter un main au centre de laquelle s'étend un lac. La tour est elle même un tout comprenant un supermarché, une salle de sport, une piscine et même un parc privatif à son sommet.


La tour en soit est très typée année 70 avec du béton partout, des longs couloirs et des terrasses de plus en plus grandes au fil de la montée des étages. C'est dans ce lieu que vient de s'installer Le jeune Docteur Laing, incarnée par le discret mais charismatique Tom Hiddleston, qui découvre cette communauté hyper hiérarchisée puisque simplement plus l'on est haut dans la tour plus l'on est riche et puissant.
Des coupures d'électricité touchant uniquement les bas étages font finir par pulvériser ce fragile équilibre de classes aboutissant sur une totale dégradation (dépravation) de ce microcosme.


Le sujet est passionnant et le film navigue entre du "Shining" au niveau de la mise en scène dans ces grands espaces clos et du "Las Vegas Parano" sur le coté complètement délirant de l'humanité en général, de nombreuses références conscientes ou inconscientes sont présentes, il y a un peu du "sens de la vie" des monthy python également, voir un peu de Brazil de Terry Giliam, dans l'aspect loufoque et burlesque de certaines situations.
Le film impressionne par plusieurs aspects, d'abord, la maîtrise de la mise en scène, chaque plan valorise cette architecture folle et ce design désuet, le réalisateur en joue à plusieurs reprises, entre les plans sur le parking, la sortie de l'immeuble, ou ces imbrications de terrasses en hauteur qui permette des jeux de caméras intéressants et des cadrages léchés.
La musique utilisée va de morceaux classique à des morceaux de pure punk, la séquence avec le SOS de Abba est jouissive. Le film se joue de tous ces codes et formats au profit de la scénographie et des émotions véhiculées par cette galerie de personnage dont le caractère délirant va crescendo au fil de la narration. Au niveau sonore, on appréciera la touche de fin qui pour le réalisateur représente ce qu'il peut exister de pire, je vous laisse la joie de la découverte.


Le scénario ne tombe jamais dans la niaiserie de classes, puisque c'est toute l'humanité qui est folle peu importe la classe sociale occupée, et le récit apporte son lot de scènes particulièrement truculentes, la scène de l'accouchement est plutôt inattendu (dans son exécution) et complètement décalée par exemple, d'autres scène de cette nature peuple le métrage. Et honnêtement, ça fait plaisir de voir un film ou les personnages passent leur temps à fumer et à boire, on est en dehors des univers policés imposés par le formalisme actuel, c'est certes peut être excessif mais c'est la nature même du sujet qui amène à cela. Il faudrait aussi évoquer la place "particulière" occupée par les nombreux animaux présents, le fait que le héros repeigne son appartement durant les émeutes, le rapport entre Charlotte et Wilder, interprété par Luke Evans dont le jeu et le physique font énormément penser au Jack Nicholson de Kubrick.
Certes on pourra noter un léger essoufflement sur le denier tiers du film, ou quelques scènes n'apportent rien de nouveau et ou le fil de la narration se perd un peu dans une succession sans lien évident, c'est le point regrettable du film mais qui est vite dépassé au vu de la qualité de l'ensemble.


C'est fébrile, délirant, maitrisé, innatendu et au final complètement génial.
Pour ma part, comme vous aurez pu le comprendre j'ai été totallement emballé par ce métrage, talentueux dans le fond et dans la forme, d'une élégance et d'une folie rare aujourd'hui.

Lyr
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Créée

le 2 mars 2016

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Lyr

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