Je ne suis pas insensible aux histoires amoureuses du cinéma, mais Her m'a laissé totalement indifférent.
Si l'histoire traite d'un sujet original et d'actualité (un ordinateur peut-il avoir des sentiments ?), que les acteurs sont bons et que tout le décor est très sobre pour obtenir un film qui se concentre uniquement sur deux personnages (enfin une voix et un personnage) le rendu est finalement long et ennuyant. Aucun rebondissement, l'ordinateur n'évolue pas du tout au cours du film contrairement à ce qu'il prétend dès le début. Et puis cet ordinateur n'est pas un robot : il a des orgasmes, il fait de la poésie, de la musique, il a de l'humour, il répond du tac au tac à n'importe quelle question, non là c'est vraiment trop. Et puis le personnage principal ne fait qu'osciller entre son ancienne femme et les sentiments nouveaux qu'il éprouve pour son "OS" sans réelle avancée ni réflexion et garde du début à la fin une désorientation complète sur toute sa vie amoureuse.
On a l'impression que le réalisateur avait fait le pari de réaliser une histoire d'amour entre un ordinateur et un homme avec tout ce qui va avec : rencontre, sexe, dispute, réconciliation, jalousie, rupture... Malheureusement, le film ne va pas au-delà, ne dépasse pas son idée initiale et reste définitivement accroché à un scénario plat, comme le confirme la fin très classique : le retour à la réalité. Dès le départ je m'étais dit, ce film peut finir de deux façons : soit le personnage rejette l'ordinateur et se remet avec sa femme (ce qu'on espère vraiment), soit l'ordinateur plante et il doit continuer sa vie comme après une seconde rupture (ce qui risque fortement d'arriver). Bingo ! L'OS s'en va pour des raisons métaphysiques que j'ai eu du mal à saisir et disparaît. On reste vraiment sur notre faim, on a l'impression que le réalisateur à fait "Joker" pour finir le film.
Si Her nous décrit l'histoire d'un homme littéralement amoureux de son ordinateur, c'est peut-être en premier lieu pour dénoncer notre tendance à tout informatiser. Mais ce qui est effrayant dans ce film, c'est à quel point tout ce qui se passe à l'air d'être normal et à aucun moment (si ce n'est au début), le personnage ne s'interroge sur la nature de la relation. En fait, la seule chose qui nous rappelle que Samantha n'est pas humaine, c'est qu'on ne la voit jamais ! Cette indifférence totale de la société vis-à-vis de ces nouveaux humains est hallucinante, même dérangeante moralement. Ce film sonne comme une dystopie, comme une mise en garde. Mais à aucun moment les personnages du film ne s'engagent sur cette voie qui me semblait très intéressante à développer. En fait, tout le long du film, le réalisateur évoque des sujets et laisse la liberté au spectateur de les saisir et de se les approprier. Du coup tout le monde y voit ce qu'il veut : qu'est-ce réellement l'amour, acceptation de la différence, relation homme/machine, sentiments des robots... C'est peut-être ce qui en a fait son succès relatif, mais moi les esquisses ne me suffisent pas.
Her commençait donc très bien, le sujet appelait à être passionnant, le cadre mis en place de manière pertinente, les acteurs bons, malheureusement on ne décolle pas (du tout) des premières impressions et aucune réflexion ne retient réellement l'attention du spectateur. Le film dure 1H30 de trop.