Ce film ne pouvait pas passer inaperçue aux yeux de personne tant il avait généré de succès visible à travers ses nominations aux Oscars et aux Golden Globes Awards. Curieux de connaître ce qui me semblait être un film de grande carrure, ma curiosité jouissive s'est basculé à la seconde où j'ai fini de lire le résumé du film, pour se transformer en confusion. Quoi ? L'histoire d'un divorcé qui veut se remettre en selle en se frottant à un logiciel informatique ? Nominé aux plus prestigieuses cérémonies cinématographiques du monde ? Qu'est-ce qui va pas avec ce monde ?
Deux ans plus tard, à l'aide de SensCritique, je vois que mes brillants éclaireurs recommandent ce film et le décrivent comme un "coup de coeur". Je me lances, sans trop me poser de questions ni de jugements. Et là, au générique du fin....... je suis ému aux larmes. Aux larmes.
Il y a des films que tu ne peux pas te permettre de critiquer pour le simple fait qu'on n'y trouve aucun défaut. J'ai essayé d'en trouver pour rassurer ma conscience qui était à l'origine du fait que je ne l'avais pas visionné 2 ans plus tôt, mais rien n'y fait.
Her parle d'un homme récemment divorcé (enfin presque). Il ne veut peut-être pas l'assumer, mais cette rupture l'a détruite de l'intérieur, et il se retrouve à écrire des lettres d'amour d'autres personnes comme si il s'agissait de son ex-femme Catherine. Devenu fragile intérieurement et hésitant en ce qui concerne les relations sérieuses, il rejette tout le monde sans s'en rendre compte. Puis vient Samantha, un logiciel informatique avec une conscience mais sans corps ni physique. Une sorte de Siri optimisé, capable de réfléchir et d'interagir normalement avec les humains. Le film est lancé.
A travers une mise en scène d'une précision éblouissante (merci Spike Jonze), on découvre un autre Théodore. Il est joyeux, souriant et surtout, il ne se pose plus de questions. La vie ne redevient plus une sorte de mystère embrouillant mais une joyeuse péripétie à la fois sereine et palpitante. On s'emporte dans sa gaieté si inspirante qu'on en oublie qu'il est en couple avec un logiciel électronique. Il est comblé, et ça nous enchante.
(ATTENTION SPOILERS)
Puis là, kaboom. Retour à la réalité. Son entourage est informé de sa relation amoureuse avec Samantha et sont confus. Pour eux, Théodore est juste en manque d'affection et d'amour et en est devenu dément, fou. Certains de ses proches le regardent de haut et ne le considèrent plus comme "normal". Catherine, son ex-femme, tente de le réveiller de son rêve éveillé et cela empire les choses. Théodore se remet en question, et redevient le boudeur hésitant. Il se pose des tas de questions dans sa tête et on peut décrypter sa pensée tant on s'est submergé dans son intimité: Est-il tombé amoureux ou dans la démence? A t-on vraiment besoin d'amour physique? Est-ce de l'amour véritable ou est-ce un rêve éveillé?
Samantha se rend compte de la situation et le quitte. Elle laisse une trace indélébile dans son âme et quitte de sorte qu'on en soit ému. La scène finale boucle la boucle, et on se rend compte que ce film est enfaite une leçon de vie: l'amour, c'est un sentiment démentiel, rien de plus. Quand on aime, on ne compte pas. L'amour, c'est un échappatoire à la vie chiante et bordélique, mais une fois qu'on décide de se remettre en question, la flemme s'éteint. Pour vivre l'amour véritable, il faut vivre au jour le jour, sans se poser de questions délicates et sans se remettre en question.
Brave Spike Jonze et compagnie, mais surtout un grand merci pour ce chef d'oeuvre bouleversant !