Quand la Carte de tendre s'arrête chez des ados de banlieue. D'abord porté par le jeu de ses jeunes acteurs et une veine naturaliste, le film réussit à créer une tension autour de l'enjeu principal : trouver les mots justes et sincères sur le terrain de l'intime tout en étant constamment scruté. Se libérer de la tyrannie du regard et de la pression sociale, notamment des aînés, semble être une épreuve de force. Pour y arriver, il faut y passer par le faux-semblant et la délicatesse secrète d'un regard ou d'une caresse.
Le film patine toutefois dans le manque de maîtrise du trouble qu'il souhaite montrer (pourquoi l'image s'assombrit-elle par endroits quand le jeune homme s'approche de Jada ?) et avec un personnage introduit - le lascar du fond du bus - qui semble plus porteur de symbolique qu'utile à l'intrigue. Surtout, il met à l'arrêt tout ce qui en fait son charme dans un dernier acte précipité et cumulant les conclusions. Tout reste ouvert, trop ouvert.
Mais reste un désir d'espérer voir le réalisateur s'épanouir sur un format plus long, que cela ne soit qu'une introduction à un film qui pourrait démontrer toute la difficulté des jeunes de notre époque, d'où qu'ils viennent, à apprendre à aimer sans filtre.