Happy Hour
7
Happy Hour

Film de Steve Buscemi (1996)

"Quand on ne trouve pas sa place dans la vie, il y a toujours une place au bar"

Tommy (Steve Buscemi), c'est bien simple, c'est le roi de la loose! Pour avoir "emprunté" de l'argent dans la caisse, son patron le vire et comme si cela ne suffisait pas, sa copine se barre avec ce dernier! Entre deux légères recherches de taf, il passe sa vie aux Trees Lounge, un rade minable de quartier. Sa nouvelle famille: un déménageur "en vacances" (destination de rêve que le Trees Lounge!), un couple qui semble avoir sous loué le comptoir, un veil homme fixant les verres d'alcool qu il s'envoie dans le gosier..... Pas super passionnant me direz-vous!


Oui, mais voilà, pour sa première réalisation, cette tête de chien battu de Buscemi, ce formidable acteur capable de passer d'un film indépendant au plus gros des blockbusters, ne se contente pas d'une description caricaturale, facile, moqueuse voire méprisante de ces piliers de comptoir! Non, derrière chaque alcoolique, il y a bien souvent une histoire! Il nous dépeint le côté sombre de cet american way of life, car pour une réussite, combien d'échecs? Sans jamais verser dans le pathéthique, il nous offre un magnifique hommage à tout ces laissés pour compte, ces hommes et femmes que le rêve américain a laissé sur le bord de la route. A la fois touchant mais également sans concessions et sans leur trouver d'excuses (on a bien envie de lui botter le cul à ce Tommy par moment, et de lui crier de se bouger un minimum), ce film, où par instants, le fatalisme se mélange à la lacheté des protagonistes, réussi le parfait équilibre entre comédie douce amère et drame social, le tout teinté d'une légère ironie parfois mordante. Un film plus profond qu'il n'y parait de prime abord, car il y est aussi question de rédemption et de prise de conscience. Ainsi Tommy se rend compte qu'il était à la masse comme il dit. Mais n'est-il pas trop tard?


Il me rappelle un peu un film vu dernièrement, le "Minnie and Moskowitz" de Cassavetes où là aussi, les protagonistes ne se sont pas du tout adaptés au monde qui les entoure et semble vouloir retarder au maximum leur entrée dans l'âge adulte (je débute en Cassavetes, moi, et je ne suis pas très fort pour l'instant, mais je soupçonne une certaine influence de ce dernier). Mais surtout, oui surtout, j'ai eu la terrible impression de me retrouver dans l'univers d'un chanteur que j'apprécie quelque peu : un certain Bruce Springsteen! Un univers peuplé de gens modestes, volontaires, mais le coeur empli de désillusion, qui faute d'avoir toutes les cartes en mains commettent des erreurs plus ou moins importantes...


A cette sincérité (une grosse part sent le vécu, et pour cause) et a cette humanité raffraichissantes, s'ajoute un casting aussi hétéroclite qu'efficace avec donc Steve mais aussi Anthony LaPaglia en patron voleur de femme, Chloë Sevigny parfaite en ado paumée, Daniel Baldwin en père "légèrement" impulsif, Seymour Cassel en roi de la glace ou encore une apparition de Samuel L. Jackson en déménageur....et deux ou trois autres habitués des seconds rôles.


Bref, pour une première réalisation, c'est une réussite, et si comme moi, vous avez un certain attachement pour les perdants, alors voyez ce film!

Kowalski

Écrit par

Critique lue 701 fois

27
9

Du même critique

Charlie Hebdo
Kowalski
10

Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde!

Les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un! Et un fois n'est pas coutume, je sors de ma réserve habituelle sur tout sujet concernant l'actualité politique et la marche du monde...

le 8 janv. 2015

136 j'aime

62

Pusher II - Du sang sur les mains
Kowalski
9

Tuer le père!

Deuxième volet de la trilogie, "Du sang sur les mains" arrive à se hisser au niveau de Pusher, ce qui n'était pas une mince affaire. Ce coup-ci, on suit Tony (oui oui, celui qui avait...

le 15 sept. 2012

81 j'aime

16

L'Inspecteur Harry
Kowalski
8

Scorpio , Harry, même combat?!

Le voilà donc, l'objet du délit! Ce film qui, bien aidé par la plume redoutable de la journaliste Pauline Kael, fait passer Eastwood de héros de l'ouest à jeune con violent, réac et même carrément...

le 8 mai 2013

79 j'aime

15