Happy End
7.7
Happy End

Film de Oldřich Lipský (1967)

J’ai pensé à écrire une critique en reprenant le concept du film, mais jamais je n’aurais réussi aussi bien que lui à me livrer à cet exercice ; jamais je n’aurais pu retranscrire le génie qui émane de lui.


Hier soir, j’ai soudainement regardé Les films rêvés, de Eric Pauwels. Je ne dis pas ça sans raison, et je ne l’ai pas non plus regardé pour rien : même si ce film expérimental m’a un peu laissé de marbre, j’ai voulu le voir pour une raison. Avec Happy End, je venais de visionner un de mes films rêvés.


En soi, ce n’était pas un film que je rêvais de faire, mais qu’il m’arrivait souvent de penser. Dans ce film, l’histoire se déroulerait à l’envers, mais chaque acte et dialogue serait compréhensible malgré un sens de lecture inversé. Je me disais que ce film serait incroyable, mais également impossible.


Il a pourtant été réalisé par Oldrich Lipsky il y a presque un demi-siècle !


Dans Happy End, le récit commence par la fin et tout se passe à l’envers. Véritablement à l’envers.
Deux histoires différentes sont alors racontées en même temps. On a d'un côté les dialogues qui permettent plusieurs compréhensions selon qu'on les prend dans le sens du film ou dans le sens chronologique, ce qui relève déjà du génie. En plus de cela, le narrateur nous propose une histoire totalement en décalage avec celle de départ, pour mieux accrocher à l’inversion de chronologie.


Un humour totalement unique découle de ce concept maîtrisé à la perfection. Les dialogues deviennent hilarants et complètement loufoques. Les mouvements des personnages deviennent de vraies chorégraphies, parfois accélérés, parfois ralentis, toujours renversés. La musique colle tout à fait à l’esprit décalé du film, et renforce une certaine intemporalité qui réside en lui : le film aurait pu être réalisé des années plus tôt, ou des années plus tard.


L’important est qu’il a été réalisé, car c’est le type d’œuvres assez méconnues dont le fait de ne pas entendre parler rajoute à la surprise lors de la découverte. Il est d’ailleurs difficile de comprendre pourquoi, tant tout y est parfaitement maîtrisé.


Dans tous les sens, le récit est passionnant à suivre.
Dans tous les sens, il nous atteint.
Dans tous les sens, c’est un chef d’œuvre.


Plus que de proposer un humour particulièrement noir et saugrenu grâce à son concept, l’œuvre va plus loin en amenant une certaine poésie et un regard particulier sur le sens de la vie.


Du grand art.

Créée

le 1 sept. 2015

Critique lue 1.1K fois

35 j'aime

16 commentaires

TheBadBreaker

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

35
16

D'autres avis sur Happy End

Happy End
guyness
9

Conte à rebours

Les histoires d'amour finissent mal, en général. …Sauf pour Bedrich, boucher Tchèque de son état. Pour une raison simple: il commence, sans le savoir, à raconter son histoire par la fin et remonte le...

le 8 sept. 2015

35 j'aime

13

Happy End
TheBadBreaker
10

Dans tous les sens

J’ai pensé à écrire une critique en reprenant le concept du film, mais jamais je n’aurais réussi aussi bien que lui à me livrer à cet exercice ; jamais je n’aurais pu retranscrire le génie qui émane...

le 1 sept. 2015

35 j'aime

16

Happy End
-IgoR-
9

A l'envers à l'endroit

Le penseur et philosophe gaulois Asterix « la moustache » avait coutume de dire : « Ils sont fous ces tchèques » Et d’ajouter : « Ils m’ont mis la tête à l’envers » Il avait raison l’érudit. Ils sont...

le 28 mars 2014

32 j'aime

5

Du même critique

Utopia
TheBadBreaker
8

Maîtrise du chaos

Utopia est une série britannique dantesque, qui prend une ampleur monumentale dans sa deuxième saison. La série entière n’est composée que de 12 épisodes, si vous cherchez une petite pépite pour vos...

le 26 mars 2015

137 j'aime

7

Gone Girl
TheBadBreaker
9

Fincher is coming

Arrivé à la fin du film, j'ai senti un truc sur ma joue… et je me suis rendu compte que je venais de me prendre une grosse baffe... Gone Girl a été une réelle surprise pour moi. D’une part, et c’est...

le 9 oct. 2014

131 j'aime

21