Un peu de douceur dans ce monde de brutes

Je me lance à corps perdu dans le cinéma de Takeshi Kitano sans aucune idées préconçues. Parfois, ça fait du bien de découvrir librement. A mi-chemin entre le poétique et la violence, Hana-bi joue avec nos sentiments tant avec douceur qu'avec froideur.


Hana-bi se rapproche de l’œuvre d'art total ; outre les plans magnifiques (et je pense notamment à la scène finale), la présence de peintures de la main du réalisateur et d'une des plus belles OST que j'ai pu entendre tout cinéma confondu octroient à ce film une esthétique toute particulière, pour un rendu contemplatif parfois entrecoupé de scènes brutales qui rendent le tout d'autant plus poignant.


Le silence en dit long, dans ce film. Le personnage principal semble si meurtri que prononcer le moindre mot serait ternir une vie déjà bien assez noire. Le poids de la mort l'affecte au point de le rendre quasi-muet, et il n'en faut parfois pas plus pour rendre un personnage attachant. Toutes les scènes avec sa femme sont silencieuses, donc d'une certaine manière, très pures. Mais le silence peut aussi faire office de tension, comme la scène du braquage.


Les scènes d'actions, souvent soudaines, prennent finalement très peu de place, pour un rendu paisible sans pour autant faire preuve de sérénité. L'omniprésence du danger trouble régulièrement la tranquillité recherchée par le personnage principal. On ne quitte jamais vraiment la tension, jusqu'à cette scène finale, libératrice, qui est l'une des plus belles fins que j'ai eu l'occasion de voir.


Esthétiquement, Hana-bi est magnifique. Je ne sais pas si ce film est déprimant ou au contraire optimiste, mais je pense qu'il ne laisse dans tous les cas pas indifférent.


Merci à Arte pour avoir posté le film gratuitement sur Youtube.

Monsieur_Cintre
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le 4 août 2019

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Monsieur_Cintre

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