John et Cody font de la musique

A l'image de Laurie Strode, j'ai moi aussi attendu 40 ans (ou presque) avant de replonger dans les abysses intérieurs du cerveau dérangé de Michael Meyers.

Comme Laurie, j'attendais de retrouver un peu de dignité avant la grande confrontation. J'avais certes aperçu avec dépit et de loin en loin, l'une ou l'autre des nombreuses séquelles de la franchise, avant d'arriver finalement au plus terrible des constats: Meyers et Strode ne sont finalement pas l'essence d'Halloween ! Non l'âme véritable de la série, le maître de la terreur, le constructeur du mythe était bien le redoutable, le terrible Big John.

Le même John -Carpenter donc-, qui même lorsqu'il se fend d'une série B nanardesque (et le bougre en a quand même commis deux ou trois) parvient toujours à glisser une scène d'anthologie, un thème mythique. A tel point que l'on peut légitiment se demander, non seulement, si en talent pur Big John n'est pas un des tous meilleurs réalisateurs de ce bas monde et des autres encore inconnus, mais également s'il n'est pas un des meilleurs compositeur de musique de cinéma.

C'est donc tout émoustillé par deux informations incroyables que je m'avançais, gourmand vers cet opus: Big John effectuait un retour timide aux manettes en qualité de producteur exécutif et surtout il composait avec son fils Cody le thème principal du métrage !!!

Et puis, le synopsis, pas si idiot que cela effaçait d'un seul coup toutes ces suites un peu dégueulasses, pour reprendre l'histoire 40 ans plus tard : Mickael Meyers, toujours muet s'évade lors d'un transfert de son centre de détention et revient accomplir ce qu'il n'avait pas réussi jadis : tuer Laurie. Le détail, mais un énorme détail, est que celle-ci l'attend depuis 40 ans et n'a visiblement pas l'intention de lui faire de gros poutous.

Bref, il ne restait plus au type aux manettes du projet qu'à coller quelques images sur la bande son de Big John et je pourrai enfin hurler : "Ca va trancher chérie". Et c'est effectivement ce que fait le bougre ,coller des images sur un concept, pour tenter de ressusciter l'ambiance de l'original jusqu' rejouer des scènes quasiment à l'identique...Mais c'est malheureusement, à peu près tout ce qu'il fait.

En vrac: : Alisson (la petit fille de Laurie) et ses deux amis marchant dans la rue enjoués renvoie à la même scène avec Laurie 40 ans plus tôt ; la baby-sitter de 2018 rassurant sur le palier de la chambre son "baby-sitté" (comme Laurie avec les deux siens 40 ans auparavant) ; un ou deux bonshommes cloués au mur par Myers et son poignard....

Le seul copié-collé original se trouve dans une scène où Alisson assise dans le fond d'une salle de classe regarde rêveusement par la fenêtre, apercevant d'un coup , sa grand-mère là ou en 1978, Laurie découvrait le visage De Meyers dans une scène identique.

Les personnages, peu développés, sont souvent insipides et effectivement, le seul enjeu est de savoir quand et comment ils seront "tranchés". Evidemment, Jamie Lee Curtis est elle impeccable dans son rôle d'héroïne badass (e) qui attend et se prépare depuis 40 ans au retour du bourreau, et le frisson ressenti devant "The Mask", l'inébranlable et toujours muet Michael Meyers est toujours intact, sauf lorsque l'apparat est revêtu par son psychiatre pour créer un double improbable et pour tout dire embarrassant.

Bref, les scènes de tension sont rares, l'hommage plus qu'appuyé à l'original est révélateur du manque d'idée du scénariste et du réalisateur et la grosse patte de Big est malheureusement invisible...