Bien curieux projet que celui de ressusciter (encore) Michael Myers. Entre les suites indignes quand elles ne sont pas carrément infectes ou les reboots respectueux mais creux selon moi (pardon à Rob Zombie), le croque mitaine indestructible était bon pour le grenier. Surtout à une époque où le slasher s'est fait promptement dépassé par l'horreur minimaliste et oppressante des productions de Jason Blum.
Qui mieux que lui pouvait donc tenter l'opération de la dernière chance pour ce pilier du cinéma horrifique? Et aux commandes, David Gordon Green (à la caméra) et Danny McBride (qui co-signe le script avec Green). Oui, une équipe pour le moins surprenante, les deux larrons s'étant surtout illustrés dans le cinéma comique (un derrière la caméra, l'autre devant). Mais après tout pourquoi pas? Et puis qui refuserait de retrouver Jamie Lee Curtis, d'entendre les compositions de John Carpenter lui-même, ou tout simplement d'effacer tout ce qui a été fait après le 1er Halloween? En tout cas pas moi.
Un doux parfum acidulé parcourt cette suite. Nostalgie? Probablement, car il est quand même plaisant de raviver cette efficacité pure qui irriguait déjà le classique de 1978 signé Carpenter. Mais aussi parce que ce nouveau volet prend le parti de pointer l'anachronisme de sa figure démoniaque au regard d'une évolution désolante de la violence aux États-Unis. Au détour d'un dialogue lucide, Michael Myers ne représente plus ce mal absolu qui hantait la société jadis mais un tueur parmi tant d'autres. En parallèle, Halloween offre de belles scènes de tensions et de mises à mort grâce à la mise en scène aiguisée de Green, qui mêle le gore au hors-champ avec une imparable réussite. Mais si le tueur au masque n'est plus ce qu'il était il y 40 ans, ses ennemies s'intercalent parfaitement dans l'époque actuelle.
Il n'est pas anodin de remarquer que les figures masculines sont rapidement évacuées (quand elles ne sont pas exécutées). Les héroïnes (parmi lesquelles Laurie Strode évidemment) n'entendent plus être victimes d'un carnage à venir mais actrices d'une sédition. Et ça fait un bien fou. Le film n'évite pas certains écueils (certains personnages honteusement balayés de l'intrigue), mais il parvient à redonner de belles couleurs à ses personnages et également au slasher.