Dans la culture pop, Gremlins s'est imposé et pas qu'un peu. Bien des gens réagiront vivement quand il s'agit d'aborder ces créatures infernales, chaotiques, perversions immondes des adorables mogwais, et ce alors même qu'ils n'ont jamais vu les films. Au même titre que les Xénomorphes ou encore les Predators, les gremlins sont parmi les créatures horrifiques les plus populaires. Est-ce mérité ? C'est ce que je me disais plus jeune, ayant eu la chance de voir ce film. Plus récemment (la veille au moment d'écrire ces lignes), j'ai eu l'occasion de le revoir et... Dieu que la douche est froide.
Gremlins a un premier bon point et pas des moindres, c'est qu'il prend son temps pour planter le décor. On est encore bien loin des montages épileptiques, avec ouat'mille cuts à la seconde pour retenir l'attention ; en même temps - attention instant boomer - le film date de 1984. Et là, premier problème : qu'est-ce qu'il est lent, mais lent ! Joe Dante verse dans l'excès inverse, et je me fiche de savoir à quel point, quand on fait un film horrifique de type "monstre", durant qui plus est 1h40, on ne peut pas se permettre de prendre plus de la moitié du long-métrage pour de l'exposition et un peu d'histoire.
Les raisons d'une telle lenteur peuvent être multiples, mais je me contenterai volontiers du scénario. Bon sang, Chris Columbus offre ici une histoire dont la simplicité et la non-originalité, pas si problématiques que cela pour un film de la trempe de Gremlins, sont amplifiées par des personnages et sous-intrigues qui bien souvent ne mènent à rien. Le père de Billy est certes celui par qui la catastrophe arrive, puisqu'il achète Gizmo au début, mais il aurait pu disparaitre par la suite que ça n'aurait rien changé. Mrs Deagle aurait pu, pour sa part, devenir l'antagoniste humaine du film, le contrepoids parfait aux gremlins, mais non, elle est méchante juste pour être méchante, et ça s'arrête à là. Ah si, quand le chien de Billy se fait (littéralement) enguirlander, le héros croit que c'est la vieille. Wahou. Passons également sur l'amourette qui n'apporte pas d'enjeux du tout.
Rien qu'avec ça, on en vient à être frustré, à se demander ce qu'on fout devant l'écran. En fait, Gremlins ne se réveille que dans son dernier tiers pour nous offrir ce qu'on était venu chercher : le chaos total provoqué par les horribles créatures éponymes. Là, c'est festival, et j'applaudis des deux mains. Ou plutôt, qu'une main et demi. Dante parvient à capter l'essence même du mal, et à rendre crédible une menace animatronique ; de manière générale, même dans la première partie du film, il parvient à mettre en valeur ses personnages, aussi inutiles soient certains... mais sans pour autant provoquer de miracle. Le tout sur une musique inspirée et incroyable par moments, mais c'est normal, c'est Jerry Goldsmith.
La déception est clairement de mise donc, la faute à qui ? À moi qui aurais grandi ? Je ne suis pas sûr, mais ce n'est pas à exclure. Ou bien ne ferais-je pas partie du public cible, peu importe mon âge ? Après tout, Gremlins est une production Steven Spielberg, avec tout ce que ça compte comme rapport à l'enfance enrobé dans une myriade de références ; autrement dit, non, ça ne me parle pas. Couplez cela aux défauts évoqués plus tôt, et vous comprendrez ma déception.
Je ne recommande donc pas Gremlins. C'est dommage, car il reste un film culte et pas qu'un peu. Parfois, il faut néanmoins accepter que certaines oeuvres, bien vieillottes, sont imparfaites, bancales, voire carrément ratées - ce qui n'est pas le cas ici, mais bon.
+1 pour la nostalgie