Quand je vois un film de HSS, j'ai la sensation (aujourd'hui confirmée) que mes émotions intérieures se divisent, se battent et me mettent dans une situation que je n'ai jusque là jamais connu à l'égard d'un(e) cinéaste. Comme si les relents d'un syndrome de Stockholm me prenaient à chaque fois qu'un de ses films sort en salle. Je sais que je vais me faire chier, mais je sais que je serai fasciné.


J'admire HSS, mais je me fais chier devant ces films... Pourtant je trouve que c'est un des cinéastes contemporains les plus intéressants qui existe. Il possède sa propre signature qu'il maîtrise à merveille. Il laisse ses plans séquences prendre le pas sur le récit. Ses comédien(ne)s sont magnifié(e)s. Ses zooms basculant violemment d'une échelle de plan à une autre, sont paradoxalement d'une extrême douceur. Il n'y a que lui pour capter aussi bien l'âme profonde d'une conversation banale autour de soju. Il nous rend voyeur et nous intègre à cette société coréenne et chaque histoire devient alors un peu la notre.


Voilà ce que je ressens. Je suis comme à la place d'Areum dans "Grass", j'ai rien d'autre à faire de ma journée que de me poser là et écouter les gens parler. Je me fais chier, mais j'y retournerai bien volontiers. Parce que ces gens me fascinent, je n'ai pas l'impression de voir une barrière de langue, de moeurs, d'origine. J'ai la sensation d'être à la place de Kim Min-Hee. Pourtant si je prend chaque séquence une par une, puzzle décomposé, je suis captivé. Assemblées, je suis lassé.


Peut-être que ce que je cherche dans ses films, c'est juste un petit moment de privilège, où je peux me poser et observer. Nous sommes des voyeurs, mais de bons voyeurs. Nous ne jugeons pas, nous nous inspirons et HSS m'inspire. Même si je me fais chier une fois de plus, je continuerai de voir ses films. Et si un jour on me demande "Comment veux-tu filmer une scène de discussion dans un café ?", je répondrai "Comme Hong Sangsoo !"

Ellossan
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films coréens et Dans les salles obscures en 2018 (vu)

Créée

le 23 déc. 2018

Critique lue 449 fois

2 j'aime

2 commentaires

Ellossan

Écrit par

Critique lue 449 fois

2
2

D'autres avis sur Grass

Grass
Moizi
8

La voyeuse

Troisième film que je vois du prolifique réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo et je me rends encore une fois compte que ne pas avoir prêté attention à lui pendant toutes ces années était une...

le 11 déc. 2019

15 j'aime

1

Grass
yhi
7

Critique de Grass par yhi

La production à la chaîne des films d'Hong Sang-soo ne semble pas entacher la qualité de chacun de ses opus. La simplicité apparente de la mise en scène permet encore une fois dans Grass de mettre à...

Par

le 27 déc. 2018

6 j'aime

Grass
JulietteBidon
8

gruss

en voyant le résumé du film et en voyant que ça se passait dans un café je me suis inquiétée, est-ce que ça voulait dire que les personnages n'allaient pas se saouler ? mais non, ouf, ils boivent du...

le 1 janv. 2019

4 j'aime

2

Du même critique

Unfriended : Dark Web
Ellossan
8

Qui regarde qui ?

J’ai vu récemment le film « Unfriended : Dark web » que j’ai beaucoup aimé à ma grande surprise. Notamment dans la forme qu’il utilise, le fait de représenter l’histoire par un écran...

le 6 janv. 2019

12 j'aime

1

Une pluie sans fin
Ellossan
8

Un air de "Memories of Murder" ...

De la pluie, un tueur en série qui s'en prend aux femmes, le scénario, les personnages, ... Et encore on peut rajouter d'autres éléments qui vous spoileraient qui peuvent se comparer au film de Bong...

le 20 juil. 2018

8 j'aime

1

Ayka
Ellossan
9

Jusqu'au dernier souffle...

Plongée dans un gouffre hivernal et prise dans une spirale sociale, Ayka nous conduit avec elle jusqu'à son épuisement le plus totale. Un marathon contre la montre où se joue la survit du personnage...

le 17 janv. 2019

7 j'aime