Le cinéma soudanais, revenu à la lumière avec Tu mourras à 20 ans, était présent pour la première fois en sélection officielle cette année à Cannes grâce à Goodbye Julia, le premier long-métrage de Mohamed Kordofani. L'affiche du film, magnifique, représente l'une de ses deux héroïnes, celle qui n'est pas Julia. Tout est sous forme de dualité dans ce film situé à Khartoum, entre 2005 et 2011, l'année où le Soudan du Sud devient indépendant : l'une des femmes est bourgeoise, nordiste et musulmane ; l'autre est prolétaire, sudiste et chrétienne. Si le film retranscrit avec force la situation sociale avant la sécession du sud du pays, il se présente aussi, et peut-être surtout, comme une splendide fresque romanesque, gorgée d'émotion discrète, autour de deux femmes qui n'ont a priori aucune valeur à partager, si ce n'est une forme d'aliénation, dans une société qui fonctionne autour d'une idéologie dominante. Le film explore avec subtilité l'intime d'une relation qui, pour être nourrie en partie de secrets et de contradictions, se développe comme un rempart contre les préjugés et le racisme. Sans mièvrerie mais avec bienveillance envers ses différents personnages, même masculins, Goodbye Julia milite avec ses armes, celles de la beauté et de la tolérance, pour une réconciliation entre deux peuples qui ne formaient auparavant qu'un seul pays. Et le message pacifique restera même si, aujourd'hui encore, des combats ensanglantent Khartoum et le Darfour.

Créée

le 28 juin 2023

Critique lue 468 fois

5 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 468 fois

5

D'autres avis sur Goodbye Julia

Goodbye Julia
Cinephile-doux
8

Dialogue Nord-Sud

Le cinéma soudanais, revenu à la lumière avec Tu mourras à 20 ans, était présent pour la première fois en sélection officielle cette année à Cannes grâce à Goodbye Julia, le premier long-métrage de...

le 28 juin 2023

5 j'aime

Goodbye Julia
docgeg
9

Bravo

Très très beau (premier) film. Tout est juste, traité avec une grande sensibilité, avec des acteurs remarquables.

le 17 nov. 2023

1 j'aime

Goodbye Julia
Araxie
6

Une amitié douce-amère

Une belle histoire d'amitié et de pardon entre deux femmes que le statut social et la religion opposent. Une relation douce amère car si l'une croit à de la gentillesse pure sans aucune...

le 3 avr. 2024

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13