L'influence que posait la récompense de la Palme d'or à Cannes pouvait creuser de dangereux a-priori sur Good time. Les nominations sont souvent peu représentatives de l'avis qu'on se forge d'un film bassiné et exhibé par les médias, donc se trouve souvent erroné. Cependant, c'est un an plus tard que je me lance dans son visionnage, en espérant être le plus objectif possible.
Dès le commencement, on nous pose les personnages de l'histoire, à savoir deux frères au caractère diamétralement opposé : Connie, le frangin protecteur aux valeurs pétées, et Nick, l'émotif aux problèmes de santé mentaux.
Leurs problèmes démarrent à la suite de leur braquage, pourtant assez bien mené, qui foire totalement. Suite à l'arrêt de son frère, Connie mettra tout en œuvre pour le sauver, quitte à rebasculer dans l'illégalité. Les ennuis vont alors commencer, tel un brouillard menaçant qui prend de plus en plus de place, puis se densifier, se consolider, au fur et à mesure que Connie perd le contrôle de la situation.
Cette mise au trou de Nick va donc mettre son frère Connie au premier plan, et suivre ses périples à travers l'immensité de la ville.
La bande-son d'une intensité démesurée nous plonge immédiatement dans l'atmosphère de tension qui règne et ne cesse de grimper tout au long. A l'écran, on nous transmet une énorme quantité de gros plans sur les personnages, ainsi qu'une colorimétrie dans les tons violet, à l'image de l'affiche. Ces couleurs associées à la musique électro épileptique à demi angoissante de Lopatin forment un ensemble à peu près cohérent, qui fonctionne parfaitement. L'histoire se passant pour la quasi-totalité dans la nuit, l'usage de ces tons ne semble pas hors-de-propos, même si leur récurrence enlève leur originalité.


Le génie de Good Time ne se trouve pas dans son scénario (un peu faible, il faut l'avouer) mais dans sa mise en scène. Tourné dans un New-York moins cliché aux traits plus vrais que nature, la longue fuite de Connie nous parait d'autant plus réelle, avec des lieux aussi authentiques. Les personnages, pour la plupart des délinquants, des dealers (et des policiers) sonnent eux aussi vrai, avec leur maladresse, leur langage (plus que) vulgaire et leur capacité à se trouver dans la mouise.


Les acteurs, en particulier Robert Pattinson, qui nous offre une interprétation incroyable de son personnage agressif mais loyal, sont d'une justesse inégalée. Devant et derrière la caméra, Ben Safdie se fond à la perfection dans son rôle, même s'il reste très secondaire. La paire que forment les deux est très touchante, car on remarque qu'ils fonctionnent beaucoup moins bien l'un sans l'autre.


On notera quand même que l'histoire de leur famille reste assez floue et aurait mérité un petit approfondissement, pour mieux expliquer et justifier leur désir de s'en aller.

ShadowKeym
7
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le 10 nov. 2018

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ShadowKeym

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