Godzilla, j’y connais rien, franchement. J’ai vu celui de Roland Emmerich y a longtemps. Et le Gareth Edwards à sa sortie. C’est tout. J’y allais uniquement car le film était accompagné de dithyrambes d’un côté ou déception cinglante de l’autre (le papier de Thoret est violent). Et donc ça m’attirait encore davantage.

C’est un peu Une affaire de famille qui rencontre Pearl Harbor, en somme. Kore-Eda & Michael Bay. Mélange détonnant, qui déploie ses nombreux défauts dans l’un et dans l’autre, mais aussi de belles qualités.

J’ai aimé cette partie de mélo d’après-guerre. Cette famille, qui au préalable n’en est pas une et qui n’accepte d’ailleurs pas d’en être une, qui se construit sur des ruines, de l’entraide, de l’humain. C’est très beau. Et le champ de ruines du Tokyo dévasté est impressionnant. Je pense malgré tout que le film ne va pas assez loin, dans le quotidien de l’après désastre, de ceux qui tentent de survivre. Par instants j’ai pensé au très beau Pluie noire, de Shohei Imamura. Mais c’est effleuré.

J’ai aimé sa partie blockbuster. L’introduction sur l’île de Godo. La scène de Godzilla à Ginza, qui détruit tout alors que la ville était en totale reconstruction. Le film saisit brillamment l’état d’esprit japonais, le cauchemar de la bombe atomique, le traumatisme de la défaite, l’obsession sacrificielle, symbolisée en grande partie par ce portrait de kamikaze déserteur.

Le film cite un peu trop Les dents de la mer, il me semble. Cette chasse au monstre, d’abord sur des bateaux en bois (les seuls à pouvoir détruire les nombreuses mines laissées par les Américains) puis avec des croiseurs, échoue souvent à provoquer l’angoisse, l’attente, la durée qui irriguait tout le chef d’œuvre de Spielberg. Là quand il ne se passe rien, on s’ennuie, en grande partie car ça ne fait que causer. Et quand il se passe quelque chose ça va beaucoup trop vite.

La dernière partie est efficace, mais on ne peut s’empêcher de penser que ça aurait pu être mieux. Le film tente de nous faire une « Titanic » en nous expliquant le plan sur maquette avant qu’on le vive, mais Yamazaki n’est pas Cameron, en ne parvient pas à nous faire oublier la maquette, disons. Sans parler du twist parachute qu’on avait vu venir à des kilomètres (« une dernière chose… » puis cut, sérieusement…) et que je craignais qu’on nous explique par un désuet flashback et ça n’a pas loupé. Au même titre que la scène pivot de la disparition (j’essaie de pas trop en dire) qui est un peu ridicule. Au même titre que tous ces moments où l’on force la gamine à pleurer, qui bizarrement sera hors champ dans le dernier plan de retrouvaille. Chelou.

Tout n’est donc pas réussi mais il y a de l’idée. Un désir de film à l’ancienne. Une envie de romanesque. Et un galvanisant portrait non pas des troupes armées et du sens du sacrifice, mais du désir de vivre et construire une famille.

JanosValuska
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le 25 mars 2024

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JanosValuska

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