Si la franchise Godzilla est aujourd'hui intimement liée à la culture populaire japonaise, il est important de rappeler que cette dernière ainsi que le genre qu'elle a crée (le kaiju eiga) existent bel et bien grâce à des inspirations du cinéma américain : King Kong et Le Monstre des temps perdus. Il était donc inévitable que les américains s'emparent de la figure du roi des monstres à leur tour bien que malgré une adaptation tardive, Godzilla de Gareth Edwards a à lui seul fait naître le MonsterVerse qui continue de s'étendre encore aujourd'hui avec la série Monarch : Legacy of Monsters et le prochain Godzilla x Kong : The New Empire. Mais alors que la Warner persiste désespérément à engager le premier réalisateur qui acceptera de couler un peu plus le navire en échange de la conquête du box-office, Takashi Yamazaki fait brillamment revenir Godzilla sur son territoire natal au travers d'un pur kaiju eiga. Sol qui tremble, rugissements, chaos au cœur d'une grande ville… Godzilla Minus One redonne à sa créature son aura d'icône terrifiante et à la folie destructrice qui hante l'esprit des japonais au lendemain de la fin de la Seconde Guerre Mondiale.


Autour de cette pesanteur historique, Yamazaki donne également une gravité inattendue en n'hésitant pas à montrer l'animosité humaine et la mort : conséquences directes de la destruction causée par la Guerre et Godzilla. Pour autant, le sens du spectacle déployé n'est pas sans rappeler une inspiration évidente à la mise en scène de Steven Spielberg dans Les Dents de la Mer et Jurassic Park notamment dans ses moments de révélations sensorielles, en hors-champ puis partie par partie dans des séquences en mer à glacer le sang avant de dévoiler toute son ampleur toujours d'un point-de-vue humain incapable de l'appréhender dans son immensité. Cette dimension de blockbuster à l'ancienne - reposant sur le jeu d'échelle et l'imaginaire des maquettes du cinéma des années 1930 - en fait ressortir une certaine modestie qui s'accorde à l'écriture de son récit. En mettant de côté la sollicitation de l'armée pour en faire un conflit civil, les humains ne sont pas seulement de simples témoins par lesquels la mise en scène va souligner le gigantisme et la monstruosité de Godzilla mais sont tout autant des protagonistes que ce dernier. Si son écriture s'avère parfois poussive et décevante (notamment dans son dernier acte), elle n'en révèle pas moins des perspectives très humaines où sous le déséquilibre des rapports de force vient s'imprégner des motivations et une belle dimension de groupe.


Le but est que les spectateurs ressentent l'excitation qui s'empare d'un enfant de 10 ans devant ce genre de spectacle.

Si Yamazaki ne met pas totalement la vision d'Edwards de côté, Godzilla Minus One - au-delà d'un plaisir authentique et nostalgique - offre surtout un spectacle mature venant ressusciter la vraie peur.

Luca-hiersDuCinema
8

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Créée

le 28 janv. 2024

Modifiée

le 28 janv. 2024

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