Dans le paysage du blockbuster hollywoodien contemporain, James Cameron est un nom vendeur et de confiance. Considéré comme le nouveau génie d'Hollywood avec les succès de Terminator et Aliens et avec la confiance des studios acquise, ce dernier confortera sa position en se donnant les moyens nécessaires à la réalisation ambitieuse de ses projets : budgets colossaux, invention de caméras permettant de filmer sous l'eau, utilisation massive d'effets spéciaux… Cameron devient le cinéaste pulvérisant les budgets des films tout comme leurs recettes au box-office.

Le succès d'Avatar est tel qu'il est encore aujourd'hui considéré comme le film le plus rentable de l'histoire du cinéma et pourtant, l'effet de surprise passé, les quasi 3 milliards de recettes que le film a rapporté ne sont pas si étonnantes et sonnent même comme une évidence ;

  • Le dernier grand film de Cameron, Titanic, a rapporté 1,8 milliard de dollars en 1997.
  • L'utilisation d'une 3D soignée est une perspective commerciale gigantesque.
  • L'année 2009 est relativement pauvre en termes de bons blockbusters : G.I Joe Rise of the Cobra, Transformers Revenge of the Fallen, X-men Origins Wolverine, Terminator - Salvation… Il est certain que face à cette avalanche de merde, Avatar n'allait avoir aucun mal à se démarquer.

13 ans plus tard et face aux régurgitations toxiques bien senties sur la majorité des blockbusters de cette année 2022, il était très fortement possible que Cameron réitère l'exploit de 2009 et remonte un niveau bien bas. Mais justement, le raté d'Avatar - La Voie de l'eau est assez intéressant à analyser dans ce contexte des blockbusters contemporains afin de mieux comprendre une formule hollywoodienne qui tourne à vide.

Les désaccords seront possibles mais il est évident que ce second opus sera majoritairement salué par les spectateurs car au-delà de la popularité du nom, il saura surtout répondre aux attentes qu'il pouvait susciter en termes de démonstrations numériques, mais ce n'est qu'une partie partielle du problème. Depuis que le projet a été annoncé, Cameron et Josh Friedman ne se gênent pas de dire que le film va proposer une expérience unique, que l'histoire sera à la fois profonde et parlera à tout le monde et qu'une nouvelle révolution dans le genre est en route, sauf que… non. Avatar - La Voie de l'eau n'est qu'un énième film de SF qui ne s'embarrasse pas tellement de raconter une histoire complexe car malgré un semblant d'intrigue tout est très vite expédié pour simplement en mettre plein la vue aux spectateurs au sein d'une structure narrative classique et sans surprises avec un début, un milieu et une fin laissant l'évidente possibilité d'une suite. Il est donc amusant de constater que l'échec du film tient dans l'inverse total de ses promesses ; ce dernier ne cherche qu'à offrir des sensations gratuites par l'image afin de créer et combler l'excitation et c'est dans l'utilisation même de ce concept que le film en devient ringard car il s'amuse simplement à cocher toutes les cases sensationnalistes du blockbuster de ces vingt dernières années.

La conséquence directe est que tout paraît extrêmement dilué comme du sirop dans trop d'eau, surtout lorsque dans son fond le scénario ne s'avère être qu'un pauvre copié-collé du premier Avatar. Dès qu'il en a l'occasion, Cameron ne se gêne pas de rejouer la même disposition de certaines scènes, le même accomplissement de certaines actions et ne fait finalement que conjuguer son héritage. Ce dernier s'assied sur son propre programme car il n'a rien à proposer de nouveau, mais sa position creuse et limite méprisante n'en est pas moins explicite sur la façon dont des studios comme la Fox ou la Warner pensent les films à grand spectacle de cette dernière décennie : des projets irréfléchis voilés par un émerveillement du spectateur pour de la bouillie numérique, où les clichés s'enchaînent, où l'écriture est tellement resserrée que s'en est limite nettoyé au kärcher, où les personnages sont dénués de personnalité et d'intelligence.

Cameron pourra toujours se cacher derrière son grand discours pseudo-écolo avec ce combat contre "des grands vilains humains de la technologie biologique qu'elle est pas bien et qu'elle fait du mal à l'environnement et à la biodiversité marine", sauf que cela ne fait que servir un discours qui saura ravir seulement la génération climat, porté par des personnages qui n'ont plus aucun enjeux, aucun conflits ou qui rejouent en accéléré tout ce qui était le sel de leurs conflits dans le premier film. Sauf que Avatar a 13 ans et voir ces personnages qui n'ont manifestement pas du tout évolué - qui en sont à l'exact même stade de leur vie - ne donne pas l'impression de les retrouver mais plutôt de voir un cosplay géant dans un parc d'attractions.

Mais après tout, pourquoi est-ce que Monsieur Cameron se remettrait en question étant donné que la presse le félicite à chaque fois qu'il fait n'importe quoi. Le cinéaste prétend donner des "leçons de cinéma" mais il n'y a rien à retenir de ce Avatar 1.2, et se dire qu'il reste encore trois films à suivre n'est pas vraiment rendre service à la saga qui verra très certainement son public se lasser si un virage à 180° n'est pas pris rapidement. Avatar - La Voie de l'eau est la preuve que certaines saga doivent savoir s'arrêter au premier film. Avatar était une claque, certes, mais son revers n'a pas été agréable.

Luca-hiersDuCinema
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le 12 avr. 2023

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