Gloups ! je suis un poisson
5.9
Gloups ! je suis un poisson

Long-métrage d'animation de Stefan Fjeldmark et Michael Hegner (2001)

A l’échelle mondiale, la production danoise de films d’animation est un petit poisson dans un océan bien trop grand. Fondé en 1988, A. Film A/S en est l’un des principaux studios. La compagnie a travaillé sur ses propres films, mais aussi sur d’autres en sous-traitance, notamment pour Don Bluth dans les années 1990 ou les suites Disney des années 2000. Elle se fait connaître en 1993 avec Jungle Jack, son premier film et son plus grand succès international à ce jour, tandis qu’Astérix et les Vikins en 2006 parlera plus aux Gaulois que nous sommes.


La plupart de leurs films ont tout de même eu cette chance d’arriver jusqu’à nos salles obscures, tels que Mon ninja et moi en 2019 ou Gloups ! Je suis un poisson de Michael Hegner et Stefan Fjeldmark le 11 avril 2001, précisément.


Le film n’a pas marqué l’histoire de l’animation, même s’il faut reconnaître à cette coproduction germano-irlando-danoise qu’elle s’en sort bien, se révèlant une sympathique production animée.


Hjaelp, jeg er en fisk de son petit nom original ne recherche d’ailleurs pas vraiment l’originalité, avec son trio de jeunes héros déjà vus ailleurs : Fly, le petit ado cool à casquette et en skate so 90's, sa petite sœur ingénue Stella et leur cousin Charles, un peu trop sérieux à leurs yeux. Les trois enfants découvrent non loin de chez eux un laboratoire maritime caché, tenu par l’allumé Professeur Crevette, passionné de biologie maritime.


Étant donné que ce dernier ne reçoit pas beaucoup de visites, il ne s’embarrasse pas à mettre les produits dangereux hors de portée des enfants. Stella avale bien goulûment une potion qui la transforme en étoile de mer et se retrouve dans l'étendue maritime la plus proche suite à un petit accident. Fly et Charles pour la sauver n’ont pas le choix et se transforment à leur tour : l’un sera un poisson, l’autre une méduse.


Ils vont chercher à retrouver Stella, mais découvriront aussi que l’antidote qui devait les aider a été détourné. Son emploi sur la faune locale la fait évoluer, offrant aux créatures maritimes la parole, l’intelligence mais aussi de nouvelles ambitions. Joe, poisson pilote, décide de prendre le pouvoir et de créer une nouvelle société, aidé par son balourd de requin.


Bien qu’on puisse tiquer qu’un nouveau monde puisse se créer en quelques heures, et ce n’est pas la seule facilité un peu grosse, cette nouvelle société démagogique, avec ses beaux discours et son arrière-plan militaire, amusera le spectateur averti. La personnalité fourbe et mielleuse de Joe rappelle d’ailleurs celle de Scar, son discours aux foules aurait pu se terminer par « Soyez prêtes », ce sera une autre chanson.


Si le film ne cherche guère à approfondir cet aspect, on peut s’étonner du traitement qu’il fait de ce monde aquatique qu’on aurait pu imaginer plus coloré, enchanteur. Sans préjuger de la qualité des eaux danoises ou irlandaises ou allemandes, celle du film est ici plus sombre, parfois grisâtre. On peut trouver de nombreux déchets jonchant le sol. C’est peut-être le rappel d’une réalité moins haute en couleurs que dans La Petite Sirène, Le Monde de Nemo ou Gang de requins, la triste pollution de nos fonds marins. Mais le film n’exploite rien. Est-ce une description réaliste, un constat amer ? En l’absence d’une petite phrase (en tout cas en VF) qui aurait pu commenter ce choix, difficile à dire. Mais on craint alors que le film passe à côté d’un sujet intéressant.


C’est que l’histoire se veut assez simple, facilement compréhensible, sans aspérités, au risque de sombrer dans le classicisme, avec cette malédiction biologique à lever en quelques heures, son antagoniste sur la route de ces humains devenus marins, tandis qu’en parallèle leurs parents tentent de découvrir ce qu’il a pu leur arriver. Autant de grosses ficelles qui permettent de garder une tension qui marchera sur les plus jeunes. Les personnages clés ne brillent pas par des traits de personnalité audacieux, s’ils ne sont pas antipathiques il est tout de même difficile de craindre pour leur sort.


Le film tente de varier les scènes, entre découverte de ce monde, poursuites et évasions, avec l’horloge qui tourne, et de multiples péripéties concernant l’antidote, qui passe entre toutes les mains. C’est bien suffisant pour ne pas s’ennuyer devant ce long métrage, avec quelques moments de bravoure plus excitants. Quelques chansons parsèment le film, aux mélodies entraînantes signées Søren Hyldgaard. Si on oublie l’horrible qui ouvre le générique et son autotune criard, elles sont d’ailleurs assez bien chantées dans notre belle langue de Molière, à l’image d’un doublage réussi, merci.


Si Gloups ! Se rapproche un peu trop des conventions animées, sa technique est tout de même au point, tout en restant conscient qu’elle ne peut pas rivaliser avec celles des productions Disney. Assez curieusement, un trailer daté de 1996 présente des décors et une animation différente, il semblerait donc que le film ait été refait entièrement dans l’intervalle. Le choix définitif est assez bien vu, avec un design un peu plus anguleux, rond mais un peu plus incisif, qui rappelle d’ailleurs les derniers films de Don Bluth, ce qui n’est pas un hasard puisque le studio a travaillé pour lui. L’animation est traditionnelle, à l’ancienne, même si elle incorpore des éléments en 3D et qui se fondent très bien au reste. Le tout permet des scènes parfois plus mouvementées, même si le métrage peine à nous impressionner quand il veut faire le show.


S’il est méritant et possède quelques qualités, Gloups ! n’arrive pas vraiment à se démarquer. A trop vouloir chercher le marché international, avec ses héros traditionnels et sa structure classique, sans vouloir offrir le moindre relief, il manque de personnalité, de vie. Le tout est plaisant mais un peu trop anecdotique pour des spectateurs moins jeunes que le public visé.

SimplySmackkk
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le 8 janv. 2022

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