A surprise to be sure, but a welcome one.
Cette réplique devenue un meme sur Internet et notamment sur Reddit de l’Empereur Palpatine lors de l’épisode I de Star Wars colle à merveille avec l’univers étendu d’Incassable/Split/Glass. Qui attendait cette trilogie, ou mieux : qui la demandait ? A peu près personne. Night Shyamalan nous a tous retourné le cerveau avec cette trilogie venue de nulle part, que l’on soit admiratif ou désintéressé par l’idée. Dans un monde cinématographique où les films connectés sont légions et ne font que s’accumuler comme des lapins en cage, quelle est la magie de tout cela me diriez-vous ? En effet, ce n’est pas une trouvaille révolutionnaire que nous propose là Shyamalan, j'en conviens. Mais après avoir vu le nouveau-né Glass, je suis en mesure de vous dire que son univers a quelque chose de spécial. Chacun de ces films a une patte et une signature. Ils pourraient très bien se situer dans trois mondes différents que cela ne choquerait personne. La réunion des deux premiers films nous offre un film à la fois très différent de ses prédécesseurs mais aussi particulièrement fidèle, et c’est là l’une des forces de Glass. Je parlais de fidélité de la saga et de l’œuvre originale pour Halloween version 2018, il est impossible de ne pas l’évoquer ici.


Je ne sais pas très bien ce que retiendra l’histoire de Shyamalan sur cette trilogie. Sera-t-il vu comme George Miller, personnage fascinant ayant réussi à surpasser et à sublimer encore davantage sa saga déjà culte avec Mad Max : Fury Road, ovationné par la critique ? Ou bien comme George Lucas et Ridley Scott, qui respectivement avec Star Wars et Alien, ont su émerveiller des générations entières de cinéphiles et de spectateurs en créant des immenses sagas mais qui ont fini par rebuter, voir brusquer une grosse partie du public ? Seul l’avenir nous le dira. Une chose est sûre, ce sera compliqué de dépasser Incassable dans le cœur du public.


Pourtant, Glass est plein de qualités. Une puissance énorme s’y dégage. C’est quelque chose de très intime que j’ai ressenti, mais il y a une telle pression et une telle intensité pendant une belle partie du film (j’y reviendrai) que j’en étais collé à mon siège. C’est une sensation que j’adore. Je ne demande qu’à voir des films qui soient capable de me pousser dans mes derniers retranchements. Glass sait provoquer de telles émotions parce que Shyamalan utilise efficacement un tas de subterfuges en termes de réalisation. S’il n’est pas oppressant ou angoissant comme l’était Split, le film nous offre des scènes mémorables, avec des plans très rapprochés sur les personnages et une ambiance sonore envoûtante. Glass garde un aspect totalement inédit dans le paysage cinématographique actuel pour jouer sur le suspense et la tension. Cela apporte un vrai vent de fraîcheur tout à fait plaisant et opportun.


Outre la réalisation de qualité et palpitante, la bande-son joue un rôle essentiel. Si elle pourrait bien en effaroucher plus d’un, je la trouve très convaincante et très efficace. C’est une évolution très bien amenée de la bande-son déjà présente dans Split, sauf que dans le cas de Glass il fallait la transformer pour qu’elle s’intègre bien dans un paradigme super héroïque et non plus dans le paradigme du monstre vs victimes. C’est encore plus significatif lorsque les héros s’affrontent.


À chaque affrontement entre les héros, notamment entre David Dunn et la bête, je prenais mon pied. Quand je parlais de puissance qui se dégageait de ce film plus en amont, cela ne se matérialise jamais autant que lors de ces affrontements. La bande-originale est très bien utilisée à ces moments-ci et m’a totalement enivré.


Malgré tout le bien que je veux à ce film, je garde néanmoins une préférence pour Split. Chacun trouvera les problèmes qu’il veut à Glass parce que c’est un film tellement personnel et particulier qu’il divisera fondamentalement et par définition, mais la plus grosse limite du long-métrage selon moi est le rythme général et l’état de tension. Autant dans Split j’étais stressé tout le temps et sans arrêt, le film n’ayant pas de baisse de rythme, autant là dans Glass c’est autre chose…


Les scènes dans l’institut psychiatrique sont trop longues. Il aurait fallu que cela dure un peu moins de temps et que l’on voit davantage à l’écran le trouble dissociatif de la bête ou les charismes de David Dunn ou d’Elijah Price en dehors des barreaux. J’aimerais souligner par ailleurs ici et faire une petite parenthèse sur les magnifiques performances du trio d’acteur, excellent en tout point.


Egalement dans les passages plus rébarbatifs, pour chercher la petite bête parce qu’il faut bien, l’aspect comics est trop poussé. A un moment donné j’ai eu envie de secouer Shyamalan et de lui demander de la fermer avec ses foutus comics. J’ai bien compris la réflexion sur le parallélisme entre le film et les comics de super-héros, mais le répéter deux ou trois fois aurait été plus convenable à mon sens qu’une cinquantaine de fois. Le film a même eu droit à un facepalm de ma part à cause de cela.


Incassable est un thriller psychologique entre deux super-héros tourmentés (avec une photographie bleutée), Split un conte plus classique du monstre face à des âmes innocentes, davantage tourné vers l’horreur et l’épouvante (avec une photographie marron/beige) enfin Glass change encore de registre. C’est un mélange de thriller horrifique, psychologique et fantastique, avec un sous-trait dramatique bien présent (avec une photographie plus colorée et lumineuse).


Il n’y a pas que les héros qui sont bien représentés, j’ai trouvé les autres personnages tout aussi convaincants, de Casey Cooke à Joseph Dunn en passant par Sarah Poulson en Dr. Ellie Staple. Percutants tous les trois. Shyamalan est un réalisateur à part et le confirme avec ce nouveau long-métrage, qui ne manquera pas de déplaire et de déchaîner les passions. Mais il a écouté son cœur et son amour pour le cinéma est immense, cela est vérifiable dans ce film. Après tout, ne dit-on pas que la vérité se trouve au fond du verre (glass) ?

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le 17 janv. 2019

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MatthieuS

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