Genuine
6.2
Genuine

Film de Robert Wiene (1920)

Le Cabinet du docteur Caligari est un film plein de défauts que nous sommes un certain nombre à surnoter principalement en raison de son caractère novateur, réel, ou supposé par notre inculture. Si bien que si je ne renie pas de le porter en haute estime, je ne m’outrerais pas particulièrement face à un 6 circonspect de son côté bricolage gothique.


Et bien Genuine, des mêmes Wiene et Mayer, c’est pire.


Déjà parce que c’est peu bitable. En très gros, un peintre est hypnotisé par sa propre œuvre, représentant une lointaine (et mystérieuse… tin!-tin!… ah non, pas de musique sur ma copie du film, pardon) prêtresse, si bien qu’il n’en dort plus, ou plutôt si, il s’endort, et son rêve est ce qui va alors nous être conté.


Ladite prêtresse est capturée, vendue comme esclave, achetée puis séquestrée par un vieillard lubrique, avant de s’échapper pour jouir de la vie, autrement dit exercer son attrait érotique sur tout ce qui passe, dont un héritier à la mèche de Belmondo vernien. S’ensuit diverses péripéties qu’on comprend à peine et auxquelles on s’intéresse assez peu, car elles ne sont en vérité que des prétextes à une sorte de défilé de mode de la belle, dans des décors peints à la mode que vous imaginez.


Avant d’être « purifiée par l’amour » sans qu’on ait vraiment bien saisi par quel truchement, en tout cas pas par notre ami mèchu, ce qu’elle aura l’occasion de regretter, tout comme l’arrivée de l’habituelle bande de pécores toujours avides de brûler de la sorcière, elle aura eu le temps de manipuler le coutelas, le filet, et l’esclave noir, d’une manière qui ne sera pas sans rappeler l’antique porn à nos solitudes, quand elles s’essayent au raffinement.


Bon, et puis, le déjà classique « tout ceci n’était qu’un rêve », on vend le tableau, das ende, et bonne nuit m’sieur-dames, faites de laids cauchemars.


En somme c’est pompeux, pompier même, rococo, plutôt ; expressionniste, quoi.


Oui sauf que précisément, si face à cet étalage de mauvais goût et de bizarre on peut simplement s’arrêter à son côté ridicule, ce que je ne saurais reprocher à personne, on peut tout aussi bien le ranger à côté d’un Phantom of the Paradise ou d’un des Burton regardables, d’une autre bizarrerie de mauvais goût donc, et, comme il a quelques décennies d’avance, avec son squelette à tête d’horloge, le regarder avec un certain plaisir conscient de son caractère coupable et le surnoter, encore, par conséquent et sans vergogne.

Duan

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