Le premier long-métrage de fiction de Philippe Lesage, Les démons, après plusieurs documentaires, ne laissait pas planer le doute quant aux qualités de mise en scène de son auteur même si le film n'était pas des plus convaincants. Genèse, qui ne plaira pas à tout le monde, ce qui n'est pas forcément mauvais signe, se singularise par des choix narratifs très forts même si déconcertants avec un épilogue qui n'a rien à voir avec ses deux intrigues principales, si ce n'est qu'il y est question de la découverte du sentiment amoureux. Ce dénouement est plutôt optimiste et innocent et contraste avec le reste du film, beaucoup plus nuancé, voire sombre. Deux récits non sans rapport, puisque concernant un frère et sa soeur, poursuivent leur cours en parallèle, avec une fluidité exceptionnelle où la mise en scène et surtout l'art du découpage et la maîtrise temporelle de Lesage font merveille. Hormis le fait que le cinéaste s'appuie un peu trop sur son excellente B.O, petit travers qui le rapproche de son compatriote Dolan, le film réussit à rendre électrisant un scénario somme toute banal à base d'hésitations sentimentales et de tourments adolescents. Il faut bien que Genèse se passe, y compris dans la douleur, l'humiliation, le rejet ou la déréliction. Mais cette chronique n'est pas pour autant plombée par trop de noirceur, cadencée par la musique, donc, et remarquable dans deux ou trois scènes d'épiphanie dont une lors d'un exposé en classe. L'humour et l'ironie ne sont pas non plus absents de Genèse et accompagnent ces battements de coeur erratiques et souvent synonymes de déception au contraire de l'amitié, quoique. Le film mêle grâce et gravité avec deux interprètes admirablement dirigés : Théodore Pellerin et Noée Abita, l'héroïne d'Ava, laquelle devrait faire une belle carrière si de vilains prédateurs ne la mangent pas. Tomber amoureux ne s'explique pas et l'être de Genèse est un sentiment finalement très personnel qui n'a pas besoin d'être commenté plus avant.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2019, Les meilleurs films de 2019 et 200 films pour une décennie (2010-2019)

Créée

le 22 avr. 2019

Critique lue 276 fois

3 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 276 fois

3

D'autres avis sur Genèse

Genèse
elizlp
5

Quand l'épilogue gâche la Genèse

La genèse de la vie d’adulte, c’est le premier chagrin d’amour, en ce qu’il nous apprend notre inexorable solitude. Cette genèse, Charlotte et son demi-frère Guillaume vont la vivre simultanément...

le 6 mai 2019

7 j'aime

Genèse
Fêtons_le_cinéma
9

Éros naissant

Genèse est un grand film sur le mouvement des corps qui s’activent dans un décor régi par un ensemble de procédures figées que les protagonistes vont s’efforcer de faire bouger. L’espace clos par...

le 30 nov. 2019

4 j'aime

Genèse
seb2046
7

C'est le temps de l'amour...

GENÈSE (Philippe Lesage, CAN, 2018, 131min) :Délicieuse chronique douce-amère sur les premiers émois adolescents et la découverte des vicissitudes des sentiments amoureux. Philippe Lesage compose...

le 13 août 2022

4 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13