Tentative maladroite, patchwork pseudo esthétisant et brouillon assez lunaire (dans le mauvais sens du terme) qui m’a bcp agacé avec des histoires, des personnages et des séquences manièrées, qui, sous couvert d’un esthétisme original, d’une poésie spatiale et de métaphores (pesantes) ne m’ont vraiment pas fait décoller et auxquels je n’ai pas réussi à croire.

Manque parfois grossier de finesse, souvent assez emprunté, tout est surligné au stabilo… à commencer par le prénom du héros !
Idem pour les symboles: Youri guidée par son amie en haut d’une grue peut vaincre son appréhension (il a le vertige), prendre de la hauteur et qui peut decouvrir sa cité de l’extérieur…

Rien ne semble réel et tangible dans cette histoire qui pourtant se veut manifestement avoir un côté documentaire. L’acteur principal est mal dirigé et on ne croit ni à sa passion ni à l’univers spatial qu’il se construit. L’abandon par sa mère qui lui fait perdre pied est à mon sens sous/mal traité et n’émeut pas.
Lyna Khoudri (la petite copine de Youri en jeune fille rom), pourtant fantastique dans Papicha, est ici très mal exploitée.
La relation avec le copain qui dit qu’ils sont comme des frères est finalement très mal montrée.
Et il y a Finnegan Oldfield en jeune dealer perpétuellement ennervé. On se demande d’ailleurs un peu ce qu’il fait dans cette histoire.
Idem pour les autres seconds rôles qui font plus figure de figurants que de véritables personnages, espèce de présences un peu fantômatique qui ne suscitent aucun sentiment ni émotion (ou si peu) et qui permettent juste de meubler l’histoire. Les liens et les relations qui unissent ces personnage dans une histoire communes sonnent faux.
La présence de certains perso ne fait qu’alourdir l’histoire qui sonne creuse et superficielle alors que ça aurait du être captivant de traiter de cette communauté (par exemple, le ferrailleur, ami âgé de Diana qui fait une apparition fugace et dont on entend plus ensuite parler).
Et on peut dire la même chose de nombreuses séquences secondaires diverses et variées impliquant des persos dont l’intérêt est très discutable (scène de danse, scène de destruction de la caravane, …). Ces séquences ne donnent pas corps à ces personnages. On dirait juste que les reals se sont fait plaisir en filmant des moments qu’ils distillent au hasard dans le film (à moins que ce soit un prb de montage ?)

Et tout le monde semble bien gentil, l’aspect cité/banlieue avec ses difficultés est très édulcoré. On voit juste au début que l’ascenseur ne marche pas, idem pour quelques éclairages collectifs défectueux.
Au final, l’ensemble ne parvient pas à convaincre, on reste très extérieur à toutes les préoccupations ou aux rêves des uns et des autres. Il y quelques séquences intéressantes avec des plans originaux, notamment en tout début de film avec une bande son envoûtante mais la suite est plus banale et on ne parvient à nous faire rentrer véritablement dans l’histoire de cette cité et des personnes qui l’habite.

Et surtout, le parallèle entre les rêves d’espace et la cité filmée comme un énorme vaisseau spatial font factice et le concept est une fois encore trop appuyé pour que je puisse me laisser emporter. La reconstitution de l’intérieur d’un vaisseau dans l’appart par Youri fait sourire tellement elle semble factice et emprunté.
D’ailleurs, la séance d’apesanteur de Youri comme s’il était dans l’espace qui aurait pu être intéressante et véritablement onirique est assez mal réalisée (on devine vraiment trop les câbles) et est du coup un peu pesante et tombe à plat. Sa marche sur le toit dans la neige qui laisse l’empreinte de son pas dans la neige tel le premier pas de Neil Armstrong sur la lune est assez embarrassante.
Les réalisateurs veulent tellement exploiter leur concept du parallèle entre la cité Gagarine et l’espace que ça en devient parfois ridicule et/ou pas crédible.
Petit détail mais qui pour moi qui suis chasseur d’éclipses est symptomatique : le traitement totalement irréaliste de la séquence de l’éclipse. Manifestement, les réal n’en ont jamais vues et ne se sont pas renseignés sur le rythme et les conditions d’observation du phénomène ! (Bon, en plus, la dernière éclipse en France date de 1999 au Nord alors que le récit se passe à Ivry en 2019, année de destruction de la cité Gagarine).

Et quel est le message du film ? la cité Gagarine n’aurait pas dû être détruite ? Si les réalisateurs y avaient vécus, on peut imaginer qu’ils n’auraient sans doute pas la même approche.
La jeunesse doit croire en ses rêves et il faut faire travailler son imaginaire ?
Je reste assez circonspect.
L’intention initiale et le concept spatial était sans doute intéressants mais au final, le résultat ne semble pour eux qu’un prétexte et je n’ai vu un film maladroit qui ne m’a vraiment pas fait rêver.
Pour moi, c’est loupé et décevant.

Zeudhomme
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le 23 juin 2021

Modifiée

le 23 juin 2021

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