Les USA ont sauvé le monde libre, il faut le croire.

Les USA tirent le plus gros de leur rayonnement international de cette période, il convient donc de temps en temps de sortir un film pour rappeler comment les USA ont payé un si lourd tribu à la sauvegarde du monde libre, mais pas les soviétiques, hein, eux ils ont juste rien fait d'autre qu'attendre que les NaZi meurent de froid pour avancer.

Loin de moi l'idée de critiquer les courageux très jeunes gens qui se sont battus au péril de leur vie, je ne manque jamais une commémoration, je pavoise mon domicile... Et je vais m'arrêter là car il ne s'agit pas de raconter ma vie. Simplement je déteste ce faux devoir de mémoire puant Hollywood, celui qui est amputé de tout ce qui gène une histoire réinventée, un peu comme dans les manuels scolaires, à commencer par l'âge de ses protagonistes. Si l'on veut que les jeunes réalisent que ce sont des gamins qui sont allés se faire trouer la peau ou arracher un membre, il faudrait déjà commencer par leur montrer des gens de leur âge : tous ces acteurs sont trop âgés et ils contribuent à faire croire que la guerre était une affaire de "vieux". Seul le dactylographiste un peu paumé est à sa place, tout comme les gamins ou pères de famille, le plus souvent ayant déjà perdu leurs propres enfants, qu'ils avaient en face. Si une guerre éclate, ce ne sont pas ces "vieux" qui seront concernés par un appel sous les drapeaux mais bien leurs enfants, les nôtres, les miens.

Ensuite les chars : le Sherman était affublé de tant de sobriquets, car il s'enflammait comme un briquet et se perforait comme du papier à 1500 mètres, que seul leur nombre et l'usure des forces allemandes notamment en panne de carburant et de logistique, ont permis leur salut. Les plus grandes batailles ont eu lieu à l'Est, il fallait donc s'appuyer au maximum sur la mythologie pour s'auto-persuader de sa puissance et faire oublier que ce sont les forces à l'Est qui ont payé le gros de la facture, population civile en tête. Fury est là pour y contribuer.

La vérité c'est que ces chars n'attaquaient plus un seul char allemand, incapables des les neutraliser. Au premier coup tiré sur leur peloton, les Sherman se retiraient à toute vitesse soit environ 40 km/h, sur la position de départ, un tir d'artillerie et surtout une couverture aérienne étaient demandées pour neutraliser les terribles chars ennemis : la nuit et en cas de mauvais temps, les allemands dominaient car on n'était plus dans le désert d'Afrique du Nord...

Alors on fait des films pour nous raconter que les USA tout seuls comme des grands ont mené une résistance héroïque à bord de leur super-char contre les NaZi, et du coup ont sauvé le monde.

Pour autant le film peut plaire, je le comprends, car il demeure travaillé et rempli de plans réalistes, arrive à créer du suspense, alterne les scènes de calme et de combat, mais pour ce qui me concerne j'apprécie mieux les reportages sur cette période qui nécessitent de vouloir apprendre et comprendre, ce qui n'est clairement pas la vocation de Fury.