Frontières partait d'un postulat sympa et promettait du gore. De quoi amener les adeptes de film de genre dans les salles. Le postulat, c'était qu'une bande de jeunes en fuite se retrouvent dans une auberge reculée de l'Est de la France, face à des tenanciers qui en veulent à leur intégrité physique.

Je ne sais pas par quel défaut commencer. Le jeu atterrant des acteurs ? La débauche d'hémoglobine au service d'une histoire pauvre et pompée sur différents films qui ont fait mieux avant ? Le propos "de fond" du film complètement obscur ?

(Un peu de spoil dans ce paragraphe)
Allez je commence par l'embryon de réflexion proposée. Ces aubergistes sont donc issus d'une sympathique famille de consanguins nostalgiques du IIIème Reich. En toute logique, il s'attaquent avec jubilation à ces jeunes de banlieue parisienne, qui fuyaient déjà l'Extrème Droite arrivant au pouvoir. OK. C'est maigre mais c'est cohérent. Il faudra par contre m'expliquer pourquoi ces admirateurs d'Adolph décident de purifier leur race en adoptant l'enfant d'une MAGHREBINE enceinte. Je ne m'y connais pas trop en néo-nazis mais là j'ai été moyennement convaincue par cet étrange retournement de situation...

Le groupe des gentils est représenté par de jeunes acteurs pas particulièrement brillants, sauf une. Mais les aubergistes sont plus mauvais les uns que les autres. Seule Maud Forget serait peut-être à sauver, dans son rôle de simplette. Estelle Lefébure est encore plus mauvaise actrice que Laetitia Casta, et elle nous prouve l'étendue de son talent dans Frontières : son rôle semble consister à déballer sa plastique de la manière la plus vulgaire possible tout en sortant deux-trois phrases dans un style langagier rappelant les films noirs des années 50. 'Fin, elle surjoue quoi. Le reste de la famille est composé de brutes plus ou moins stupides, et d'un patriarche sanguinaire et tellement caricaturé que ça ne passe même pas. Pourtant, j'en connais des Luxembourgeois caricaturaux !

Les scènes de boucherie, qui sont le principal attrait de ce film, sont gores, certes. Mais n'inventent pas grand chose. Allez, on va donner un point à la chambre à gaz. Mais c'était finalement très convenu.

Frontières contient tout de même quelques passages moins pathétiques. La fin est assez jouissive, la tension monte en puissance, et on suit le personnage de Yasmine dans son hystérie finale de manière assez intense. D'ailleurs, Karina Testa joue très bien l'hystérique, j'y ai cru. Ça fait au moins une émotion correctement jouée dans ce film.
Et puis c'est un film de genre français. Et pour avoir essayé face à une audience française qui préfère les gamins qui chantent en canon et les facteurs qui se bourrent la gueule dès 9h du matin, Xavier Gens mérite qu'on supporte son travail. Mais c'est dommage qu'il soit tombé dans la facilité.

Je mets donc un 5 "peut mieux faire", parce qu'il faut pas déconner, il est pas crédible ce film.
Spark
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le 5 juil. 2010

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