Une vraie critique avec + que mon avis sur la fin

Alors, quand on dit L'effet Papillon, toute personne l'ayant vu ne peut s'empêcher de mentionner LA FIN. Déprimante, énorme, frustrante, choquante, heureuse, convenue, polémique, les adjectifs sont infinis pour la décrire, car il n'y en a pas moins de trois différentes, des fins. Avec des degrés de potentiel bad-trippant équivalents.

Après ce préambule inévitable, on peut maintenant parler du film, de l'œuvre dans sa totalité. L'effet Papillon est un film choc, inévitablement. Il questionne les lois de la physique, de l'éthique, et derrière ça il questionne surtout l'âme humaine.

*** SPOIL ***
Evan est un jeune homme brillant, qui a du succès avec les filles, qui mène une thèse sur la mémoire à l'université. Lorsqu'il se rend compte qu'il a la capacité de revenir dans le passé, il se remémore son amour d'enfance et retourne la voir. Pour se rendre compte qu'elle a une vie de loseuse moyenne, et qu'il aurait peut-être pu y changer quelque chose s'il avait été présent à certaines étapes-clés de la vie de la jeune fille. S'ensuit une fuite en avant, pour améliorer les choses, au risque de tout empirer à chaque fois : c'est connu, le mieux est l'ennemi du bien.
*** SPOIL ***

Ce film est puissant autant dans son fond que dans sa forme. La mise en scène efficace fait sursauter le spectateur plus d'une fois, surtout qu'on ne comprend pas tout de suite pourquoi certains évènements arrivent, dans la première moitié du film. Les acteurs enfants – à 7 et 13 ans – jouent très juste. Mention spéciale à la tête à claque de Tommy de 13 ans (Jesse James), qui a fait peur à ma mère.

Au-delà de ça, c'est une partie de l'Amérique qui est relatée dans L'effet Papillon : l'Amérique des banlieues bourgeoises, derrière le vernis desquelles l'enfance n'est pas toujours si facile qu'elle en a l'air. Lorsqu'on a une mère célibataire battante, on s'en sort pas si mal, mais lorsqu'on vit chez son père dérangé, on a plus de chance de devenir une pauvre serveuse de bar de routiers ou un repris de justice sadique. Bon, c'est caricaturé, on force le trait entre chaque réalité alternative pour montrer le fossé qui existe entre chacun des destins possibles. Mais c'est plutôt bien fait, le travail sur l'apparence des différents personnages dans chaque « vie » est très soigné, et on passe facilement de « il est charmant avec sa barbe de trois jours » à « qu'il est laid avec son bouc de quaterback propre sur lui » (remplacez par « elle est jolie mais fade en cheerleader parfaite » et « putain elle ressemble vraiment à rien avec cette cicatrice et sapée en p*** !! » si vous avez bloqué sur Amy Smart – mais c'est vrai que je suis plutôt Ashton Kutcher). C'est peut-être ce qui rend ce film si pesant : l'étalage sans concession de la vie d'une famille (très) moyenne, et surtout de ses enfants, qui grandissent comme ils peuvent avec ce qu'on leur offre. Finalement, Evan va chercher à réparer leur destin, mais que peut-il face à ces cartes si mal distribuées dès le départ ?

L'effet Papillon fait immanquablement réfléchir le spectateur pendant de longues heures suivant son visionnage (pourvu qu'on soit rentré dans le film, évidemment) : « J'aurais fait quoi ? Mais pourquoi il est retourné là et pas là ? Qu'a vécu son père avant lui ? Quelle vie j'aurais choisi à sa place ? Qui j'aurais sacrifié ? Y'a-t-il vraiment un moyen de réparer le passé ?... ». Et la plupart de ces questions sera conditionnée par la fin qu'on aura vue. Je dois mentionner que la version DVD (simple) ne comprend même pas la fin « réalisateur », et qu'il faut acheter la version deluxe pour ça, ce qui est scandaleux. Mais ça peut être un point positif pour les âmes sensibles, qui veulent être sûres de voir un film avec un relatif happy end. Moi, j'ai été extrêmement déçue de ne même pas pouvoir la retrouver dans les bonus. Parce qu'évidemment, selon la fin que vous voyez, votre appréciation du film change du tout au tout. Je pense que, quitte à regarder un film qui porte un message aussi fort que L'effet Papillon, il faut voir la « vraie » fin ou rien du tout. C'est la seule qui est réellement dans l'esprit du film, qui va jusqu'au bout du propos, et qui vous laissera un sentiment de malaise digne du reste de l'histoire.

Pour synthétiser :
- 9/10 au vrai film
- 8/10 à la fin prometteuse
- 6/10 à la fin heureuse

Evidemment, je ne noterai que le vrai film : on va quand même pas se plier à la loi des distributeurs hollywoodiens !
Spark
9
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le 13 juil. 2010

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