5 septembre 1946-24 novembre 1991 : Incroyable destin de 45 ans seulement pour un enfant né à Zanzibar, élevé à Bombay, qui débarquera dans la grisaille londonienne en 1959…où, timide et désorienté il se réfugiera dans l’art – c’est un excellent dessinateur - intégrant l’Ealing Art School en 1965. C’est là que tout s’est passé. Les rencontres, les chœurs a capella avec Tim Staffel dans les très acoustiques toilettes de l’école…
Etudiant malingre et peu charismatique, Farrokh Bulsara est fan absolu de Jimmy Hendrix dont il peaufine les imitations du fond de la classe, avec une équerre en guise de guitare. C’est cette passion qui l’incitera à reprendre la place de chanteur que Staffel a laissée vacante au sein du groupe Smile de Roger Taylor et Brian May…


La suite, on la connaît… Farrokh devient Freddie, Bulsara devient Mercury (le “…mother Mercury “ du titre My Fairy King), Smile devient Queen…
Albums mythiques, tubes planétaires, gloire, diversité, folie scénique, foules, stades, extravagances…et puis, fin novembre 1991 :
« Je souhaite confirmer que je suis séropositif et que j’ai le SIDA. J’ai pensé correct de garder cette information privée pour protéger ceux qui m’entourent. Le temps est venu cependant, pour mes amis et pour mes fans à travers le monde, de connaître la vérité. J’espère que chacun se joindra à moi, aux médecins, aux spécialistes, pour lutter contre cette terrible maladie. »
Il s’éteindra quelques heures plus tard, paisiblement, dans les draps de satin blanc de son lit à baldaquin où il se vantait d’avoir accueilli jusqu’à six personnes lors des fêtes orgiaques qu’il donnait régulièrement dans son palace londonien.
Love kills, chantait-il sur la bande son du remake de Metropolis par Moroder en 1984.
Incroyable destin pour un enfant de Zanzibar…


Lover of life est une sorte de reportage incroyablement documenté, centré sur l’homme qu’était Freddie Mercury.
Emaillé de témoignages inédits de premier ordre (les Queen Brian May et Roger Taylor, bien sûr, le Mott The Hoople Ian Hunter, Tim Staffel, la cantatrice Montserat Caballé, les producteurs David Richards, Mack, Mike Moran …mais aussi sa mère Jer Bulsara, sa sœur Kashmira Cooke, sa fidèle compagne Mary Austin, son dernier compagnon Jim Hutton…), le passionnant document nous emporte sur les traces du destin de l’artiste, alternant reconstitutions in situ et images d’archives, de Zanzibar à Bombay, de Londres à New York, de Munich à Montreux.
Il nous dévoile habilement le parcours de ce personnage hors du commun, amoureux de la vie dont il a joui de façon trépidante, comme s’il était conscient du court passage qu’il effectuerait sur terre. Capable des extravagances les plus délirantes ( avec pour points culminants les fêtes déguisées données pour ses anniversaires, à Kensington, New York ou Ibiza ; quelques images hallucinantes en témoignent…feux d’artifices, buffets gargantuesques, cocaïne à gogo, danses débridées…) il n’en demeurait pas moins un être délicieux, attentionné, unanimement apprécié par son entourage pour sa gentillesse et sa sincérité. Un peu comme un enfant qui n’aurait pas grandi, qui aurait laissé libre cours à sa folle imagination pour rendre un hommage de tous les instants à la vie.
Lover of life.


Singer of songs (le 2ème DVD) est une sorte de méga-bonus façon pêle-mêle, mais avec quelques trucs à en retirer quand même.
De la série de clips période solo (pas la meilleure, il faut bien l’avouer…si on exclut le somptueux album avec Montserat Caballé en 1988) on s’arrêtera surtout sur In My Defence qui défile sur d’exceptionnelles images d’archives de l’artiste toutes époques confondues ainsi que sur l’amusant making of de The Great Pretender.
Le reste oscille finalement entre le pompier et le grandiloquent.
Quant aux versions live à Barcelone avec Caballé, elles sont effectivement en public mais malheureusement en play-back (elles l’étaient déjà sur scène, à l’époque !).
L’interview des 3 producteurs est elle relativement casse-bonbons.
Par contre, le reportage A view for ever (de la création à l’inauguration d’une statue de Mercury au bord du lac de Genève à Montreux en 1996) s’avère assez émouvant .


Et puis, la dernière interview : 7 minutes avec un Freddie au visage déjà stigmatisé, accoudé sur son juke-box Wurlitzer , tirant nerveusement sur sa cigarette, parlant de son expérience avec la Caballé … difficile de ne pas la trouver poignante.


« C’est la vie » conclut lui-même le facétieux Freddie en clin d’œil à la fin du film.
« That’s rock and roll » ajouterons-nous recueillis et reconnaissants.

RolandCaduf
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le 14 mai 2021

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