Le voici le voilà ! Le nouveau Damien Chazelle garanti sans trace de comédie musicale est enfin là.


Le pitch ? Une évocation de la vie de Neil Armstrong de 1960 à 1969. C'est à dire de son recrutement pour la course à l'espace à son voyage iconique sur la lune.


Si il y a bien une chose que le dernier film de Damien Chazelle réussit à merveille c'est de nous rappeler que : "Fichtre les gars ! On a fait ça quand même !"
Et ce souvenir d'une des plus grandes prouesses humaines vous allez devoir le garder bien au chaud avec vous, car c'est bien l'une des seules sources de plaisir que vous apportera le film.


Soyons clairs, First Man est loin d'être un mauvais film. Techniquement carré et visuellement superbe, le film de Damien Chazelle démontre à nouveau le bon goût esthétique du bonhomme. De plus, l'autre gros point fort à mettre au crédit de ce film spatial, c'est son envie de représentation.
Les moments forts du film sont ces missions spatiales filmées en immersion complète. Se reposant moins sur l'image que sur le son et le mouvement, chaque mission de nos cosmonautes marque par leur aspect angoissant. Enfermés dans des casques et des tenues lourdes, souvent harnachés dans de minuscules lieux de vie, spationautes et spectateurs se feront bousculer dans tous les coins à chaque sortie extra-planétaire.
Ça il faut bien l'avouer, on avait rarement vu un film non science-fictionnel prendre ainsi le temps de repenser la représentation du voyage spatial.
Rien que pour cette envie de réalisation le film justifie son existence.
Mention spéciale au département sound-design qui a bien mérité ses sandwichs thon-mayonnaise pendant la post-production. Même si les effets sont parfois appuyés à l’excès.


L'autre bonne idée formelle du film est présente jusque dans son affiche. Cette image obsessionnelle du reflet dans le casque ou dans un miroir. Représentation de la psyché de Neil Armstrong, cette idée de mise en scène sobre mais élégante permet au film de signer une identité visuelle qui lui est propre et ce jusqu'au dernier plan du film.
Pas de quoi se relever la nuit, mais on a vu des films essayer beaucoup moins que ça ces derniers temps.


Oui mais voilà !
En dehors de ces idées de mise en scène bienvenues, le film rate l'essentiel.
Car le but de Damien Chazelle ici, est de nous raconter comment le voyage vers la lune d'Armstrong est un chemin de croix pour surmonter un deuil, celui de la mort de sa fille survenu en 1962.
Cet événement, raconté dès le début du film, annonce d’emblée tout les soucis que se traînera First Man. Les scènes émotives tentent tellement de fonctionner avec subtilité et économie de pathos qu'elles en deviennent désincarnées. Ce qui, sur un film de 2h15 qui se concentre avant tout sur la psychologie d'un personnage et les répercussions sur son entourage n’entraîne qu'une chose :


On s'fait chier mes Aïeux !!!!


En plus de cette froideur dans la représentation des non-dits et de la douleur, l'autre gros boulet du film c'est bien entendu son interprète principal.

Parce qu'autant j'ai une sympathie énorme pour Ryan Gosling, autant il faut bien le dire, le bonhomme ne sait pas tout jouer ! Et si il était convaincant en androïde dans le dernier Blade Runner, ici dans un rôle qui demande plus d'implication d'acteur, les limites de son jeu sont criantes.
On se fait pourtant avoir au début. Un scène de solitude où le personnage pleure à chaudes larmes. On est dedans ! On y croit ! La douleur est là, on la sent !!!... EEeeeet puis c'est la déconnexion.
Le Ryan Gosling repasse en mode pilotage automatique. Et dans un Biopic dramatique ça fait tâche quand ton interprète principal a l'air de se foutre royalement de ce qu'il se passe autour de lui.
D'autant que le reste du casting fait plaisir à voir. Kyle Chandler, Jason Clarke et même Corey Stoll, autant de bons acteurs qui font le job plus que correctement. On va pas crier à l'oscar, mais l’intention est bien là. (Par contre ce coup de vieux qu'ils ont pris les mecs !!! 2018 déjà ?!)


Bref, dans la grande famille des Biopics larmoyants, First Man tient une place ni pire ni meilleure qu'une autre. Globalement soporifique mais ponctué de vrais bons moments, le film de Damien Chazelle nous rappelle que, malheureusement, une bonne envie de cinéma ne garantit pas la réussite d'un film. Un peu plus d'implication émotionnelle et une gestion plus soutenue du rythme auraient sans doute été salvateurs pour cette épopée spatiale aussi méritante qu'oubliable.

paul_darbot
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le 31 oct. 2018

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