Final Victory est une love story sur fond de triades. Mais contrairement à ce qui deviendra la mode quelques années plus tard, le principal protagoniste du métrage de Tam (et de son scénariste Wong Kar Wai) n'est pas un personnage cool et passionné mais un anti-héros, couard et constamment abusé. Sur ce scénario à contre courant, maniant aussi bien la comédie que la romance ou le thriller, Tam peut déployer à plein son talent pour le romantisme et les ambiances stylisées. Il réussit à rendre ses personnages de " petits ", losers ou paumés, attachants, touchant dans leur fragilité et aspirations simples. Il prouve également une nouvelle fois maîtriser le medium cinématographique à travers un montage travaillé, des effets de style bien sentis et une bande son adaptée.

Ce sont sous les instructions exigeantes de Tam que les acteurs de Final Victory parviennent à donner le meilleur d'eux-mêmes et rendre les émotions de leurs personnages si palpables. Cela n'allait pas de soi car, à l'image du scénario, la distribution va totalement à l'opposée des conventions en la matière. Tsui Hark écope ainsi de son rôle le plus abouti en tant que caïd des triades ultra menaçant. Un rôle qui en tant normal aurait été attribué à quelqu'un comme Michael Chan ou Norman Chu mais que le réalisateur parvient à rendre crédible de bout en bout. Eric Tsang a beau être physiquement parfait pour jouer le rôle de Hung, celui-ci va à l'opposée de l'image uniquement comique que l'acteur avait jusqu'ici bâti auprès du public. D'autant plus que l'acteur avait pris des habitudes de surjeu et d'exagération pour les besoins des comédies auxquelles il participait, pouvant faire douter de son talent dans d'autres registres. Le comédien ne cache d'ailleurs pas qu'il fut au début difficile pour lui de s'adapter aux exigences du réalisateur : " Patrick Tam a changé la façon dont je jouais [...] Il lui a donné de la consistance [...] Ces instructions peuvent sembler abusives parfois mais ça marche ". Et le résultat est il est vrai bluffant. Tsang est parfaitement dans le ton dans la peau de cette petite frappe un peu peureuse qui ne sait pas comment gérer tous les événements qui lui tombent dessus. Sa performance rend bien les différentes émotions contradictoires qui assaillent le petit homme, le rendant extrêmement attachant. Tsang lui-même considère le film comme un tournant dans sa carrière d'acteur. On ne le contredira pas.
Palplathune
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le 2 mars 2011

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