Noir et blanc

"Feu follet" est une jubiltion de 67 minutes, une fantaisie musicale, pour reprendre les termes de l'auteur, d'une liberté totale, n'oubliant pour autant rien du monde contemporain dans lequel il s'est déroulé : écologie, rapport de classes, covid.... Jusque là, Joao Pedro Rodrigues nous avait habitué à un cinéma plutôt sombre dont émanait une grande force. Il ne perd pas la seconde dans ce nouvel opus, et réussit brillamment son virage à 180 ° en réalisant cette comédie burlesque, où je me suis vraiment beaucoup amusé. Les dialogues sont irrésistibles, les scènes de repas ,running gag hilarant, ponctué par ces portes qui s'ouvrent et se ferment, comme les rideaux d'un théâtre ) opposent le monde d'avant (la monarchie, l'âge avancé, la pensée réactionnaire) au présent (la jeune descendance aux idées républicaines,écologistes et altruistes). Le prologue, passage de comédie musicale est une ode à l'arbre, chanté et glorifié . Joao Pedro Rodrigues débute son film en 2069 ; C'est donc un grand flashback qui constituera l'essentiel du film, qui joue habilement sur les oppositions de situations. L'annonce de la vocation du personnage principal, doux rêveur diaphane surprend autant les personnages que le spectateur. S'ensuivra le long passage à la caserne des bombeiros, où il existe un vrai brassage social et qui est montré par le prisme du fantasme homoérotique glamour (et d'une grande érudition de l'histoire de l'art !) pour vite aller vers le coup de foudre, la relation homosexuelle amoureuse, décomplexée, ludique et toujours empreinte d'humour où brillrnt également les marivaudages des deux amoureux. Brillamment filmé, toujours à bonne distance de ce que le réalisateur veut montrer, agrémenté d'une large palette musicale, chantée ou de fosse, le film surprend sans faillir et le mot fin fait résonner le conte de fées dont on se rend compte qu'il était sous-jacent.