Feu follet fait l’effet d’un film que se partagent trois histoires, que séparent à la fois le temps et le ton. La première , dans la chronologie du film, est celle de la mort de notre protagoniste Alfredo, qu’un jouet pour enfant va ramener à ses souvenirs de jeunesse.

La deuxième se donne des airs de pièce de théâtre; la famille royale à laquelle appartient Alfredo se met en scène durant un repas qui dure le temps de quelques ellipses, permettant d'appréhender l’univers fantasque dans lequel João Pedro Rodrigues catapulte ses spectateurs. Le contraste avec l’avant propos est frappant, de la désuétude aux relents de salle d’attente de la chambre mortuaire du roi, on passe à une salle à manger d’une rare opulence.

La troisième partie, qui constitue le coeur du film, raconte l’expérience en tant que pompier d’Alfredo et sa romance avec Afonso, un jeune pompier noir dans une revisite contemporaine du Prince et du pauvre de Mark Twain. Le prince se mêlant au peuple pour un temps et le pauvre se voyant devenir président de la république dans le final du film. On retrouve dans le film une critique sociale similaire à celle de la nouvelle de Twain.


Feu follet à le mérite de vouloir dire beaucoup, faire beaucoup et ce en très peu de temps.

En à peine un peu plus d’une heure, en plus des trois temporalités de la narration, on a un film qui évoque; la crise climatique, la fétichisation des personnes de couleurs, la crise sanitaire, événement qui date très nettement le film, l’effondrement des institutions publiques, les vestiges du passé colonial Portugais, ou européen en général, le moisissement des anciens systèmes de gouvernance…

Il s’agit ici bien plus de dresser un constat de l’époque plutôt que de dénoncer quoique ce soit, et ce sans grande subtilité.

A cela s’ajoute la vie, la mort et la romance du jeune Alfredo qui peine à prendre place noyée dans toute cette matière, on peine à être touché par les tribulations de notre princier protagoniste tant elles semblent arriver vite. Il ne semble pas avoir de hiérarchie dans le temps accordé aux événements comme pour nous faire relativiser la gravité des événements. On accorde autant de temps à une rupture dramatique qu’à un étrange bizutage où des membres de la caserne reproduisent des tableaux classiques en les assortissant de blagues potaches.Une scène qui ressort dans l’ensemble du film comme particulièrement belle, Rodrigues s’appliquant particulièrement à la sublimation des corps de ses acteurs.


C’est ainsi dans la forme plutôt que dans le fond du film qu’il s’illustre et que l’on retrouve la fantaisie à laquelle prétend le film et qu’il annonce dès son introduction, baignant dans un univers comme parallèle au notre doucement bercé d’improbable.

A la fantaisie, le réalisateur veut assortir le musical qui assortit plusieurs scènes. Si le final hommage au roi s’accompagne d’un bel hommage au fado, qui ne se prive toujours pas de quelques blagues potaches, les quelques autres moments musicaux du films sont des moins mémorables. On pense en particulier au grand climax à la caserne qui s’assortit d’une chanson peu inspirée intitulée “Ctrl/C Ctrl/V”. On ajoutera l’informatique aux thèmes qu’aborde Joao Pedro Rodrigues dans son film.



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le 19 déc. 2022

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