Chronique d'une liaison

Ma rétrospective des films de Louis Malle continue avec ce film oublié. Un peu mineur dans l’œuvre de Louis Malle, le film aborde tout de même un sujet intéressant et encore d’actualité. Il a également le mérite de nous faire redécouvrir l’acteur Jeremy Irons dont la carrière en dents de scie nous faisait oublier qu’il était un aussi bon acteur.

La vie de Stephen Fleming, un parlementaire conservateur récemment promu secrétaire d'Etat, va être bouleversée par sa rencontre avec Anna Barton, petite amie de son fils, au cours d'une réception à l'ambassade de France.

Le film n’est pas sans défauts. Les scènes de sexe sont assez répétitives. Louis Malle encombre un peu son film en évoquant le passé d’Anna, avec ce frère dont elle était très proche. On ne voit pas bien ce que cela apporte au film et c’est beaucoup moins intéressant que le vrai sujet du film.

Le film montre un politicien anglais de premier plan se lancer corps et âme dans un adultère avec la petite amie de son fils. Ou comment tout risquer pour une passion irrationnelle, sa carrière politique, son mariage et sa famille. Ou comment la pulsion l’emporte sur la raison. Ce qui est très bien rendu, c’est qu’on ignore totalement la raison qui le pousse à agir ainsi. Les scènes d’adultères assez bestiales et violentes semblent nous montrer qu’il s’agit d’une pulsion assez primaire.

Ses motivations à elle semblent plus claires. Il n’est pas question d’ambitions personnelles mais elle semble voir en lui, une version plus étoffée, plus profonde du fils avec qui elle sort. Le personnage du fils est très intéressant. On sent qu’il est la copie conforme du père, sans atteindre son degré de réussite. Il est devenu un journaliste important mais est nettement moins brillant et influent. Il est physiquement très séduisant, mais n’a pas la complexité de son père.

Le titre français ‘Fatale’ est idiot car il donne l’impression que le sujet est l’adultère lui-même. Il insiste sur l’aspect érotique. Hors, ce n’est pas tellement de l’adultère en lui-même dont il est question mais plus des dommages, des conséquences de cette liaison. A ce titre, le titre anglais ‘Damage’ semble bien plus approprié. Mais si le titre ‘Casualties’ aurait également était parfait. Quels seront les dégâts et qui seront les victimes dans cette affaire ?

Dans le rôle principal, Jeremy Irons est remarquable. Il est implacide, ne laisse rien transparaître. Ses expressions sont absolument indéchiffrables, rendant encore plus incompréhensible la raison d’être de cet adultère. Face à lui, Juliette Binoche est bien. Elle a un physique très froid donnant l’impression qu’elle est plus une présence, une apparition plutôt qu’une personne faîte de chair et d’os. Mais son personnage est moins bien écrit. Fallait-il vraiment évoquer son frère ou les relations complexes qu’elle entretient avec sa mère, même si elle est jouée par Leslie Caron.

Dans le rôle un peu ingrat et secondaire de la femme trompée, n’oublions pas Miranda Richardson, une excellente comédienne britannique qui a connu son heure de gloire dans les annés 90 mais qui a un peu disparu des radars depuis. Après le drame final, dans l’une des scènes les plus fortes du film, elle confronte son mari avec une telle violence contenue jusque-là et qui explose enfin. L’actrice est alors absolument éblouissante.