Il est difficile de trouver de l’intérêt autour de ce Farang de Xavier Gens et pourtant il y a toutes les raison d’y croire. Si on oublie la filmographie du réalisateur qui a souvent enchainé les ratés malgré une ambition originelle évidente, le résultat n’est souvent pas à la hauteur. On avait de l’espoir lorsque le réalisateur faisait son entrée sur la scène cinématographique avec un premier film efficace en 2007, Frontière(s). Certes, celui-ci ne réinventait pas la roue dans le domaine de l’horreur mais il suscitait suffisamment de curiosité pour les prochains projets de son metteur en scène. A l’image d’un Alexandre Aja, Xavier Gens va rapidement succomber aux sirènes d’Hollywood pour signer l’adaptation du jeu vidéo Hitman. Là encore, ce second film assurait l’essentiel avec des séquences d’action plutôt réussies malgré une trame narrative classique voire stéréotypée. Au final, le résultat est tout juste correct mais rien de transcendant. Le début des problèmes viendra par la suite, le metteur en scène va décevoir en enchainant des films tous plus insipides les uns que les autres de The Divide en 2011 à Cold Skin en 2017. Et ce n’est pas son retour dans l’Hexagone qui changera la donne. En effet, jusqu’à maintenant plutôt adepte des films aux propos sérieux, le réalisateur va se lancer dans la comédie avec Budapest en 2018, avec le duo Manu Payet et Jonathan Cohen. Mais là encore c’est un échec, on y croit de moins en moins avec le réalisateur. Et pourtant la lumière va venir de la série coup de poing Gangs of London sortie en 2020. Chapeautée par Gareth Evans qui nous avait déjà estomaqué avec les deux films The Raid, le réalisateur gallois, vite considéré comme une référence dans le cinéma d’action aux côtés de la franchise John Wick, a donné un bon coup de pied à un genre vieillissant avec des scènes de combat dantesques et parfaitement chorégraphiées avec une mise en scène nerveuse et dynamique, une signature bien à lui qui lui permet de se différencier de la saga avec Keanu Reeves. Xavier Gens, qui a donc travaillé sur des épisodes de la série, semble s’en être inspiré pour mettre sur place ce nouveau projet nommé Farang. L’histoire est simple, un homme est vite rattrapé par son passé de délinquant alors qu’il tente de passer à autre chose après avoir purgé des années de prison et cherche aujourd’hui à se poser avec sa famille en Thaïlande. Si au niveau de l’histoire, cela ne semble pas très profond, on attend de prendre une véritable claque au niveau de l’action. On peut donc faire confiance à son réalisateur qui a pu se faire la main sur la série Gangs of London.


On découvre effectivement ce personnage avant sa sortie de prison qui se tient à carreau malgré un quotidien houleux. Traité dans ses premières minutes comme un homme silencieux, énigmatique, cela apporte un peu de mystère autour du personnage avant l’explosion attendue. Cette introduction est pour le moment calme à l’image de son protagoniste et pose les bases. Cet homme tente de retrouver un semblant de vie, c’est une quête de rédemption pour ce dernier. Cependant, son passé de délinquants va vite le rattraper, le film annonce la couleur sur la suite avec une première scène de combat à la mise en scène brutale permettant au passage de confirmer que Xavier Gens assure derrière la caméra. Notre personnage se voit dès lors dans l'obligation de quitter le pays et part pour la Thaïlande où il va se construire une vie de famille paisible. Pour subvenir aux besoins de ses proches et concrétiser ses projets, il devra pourtant se lancer dans des combats illégaux, c’est l’occasion de démontrer ses capacités physiques qui seront largement mis à contribution. Si la trame principale prend le temps de se lancer véritablement, on apprécie cette première partie qui permet de s’attacher à cet homme qui sera amené bien malgré lui à travailler pour la pègre locale avec à sa tête, Olivier Gourmet, dont la présence est trop limitée pour vraiment creuser le personnage. Un petit couac qui n’entrave en rien l’avancée du récit mais cela aurait apporté plus de profondeur sur leur dualité. La caméra prend l’initiative plutôt de rester focalisée sur son personnage central. Suite à cette rencontre, rien ne va se passer comme prévu dès sa première tâche et notre homme sera alors poursuivi par la police et aussi le gang qui va kidnapper les siens. Passé pour mort, il devra alors mettre de côté ses principes et va tout faire pour retrouver les siens. Le film enclenche la seconde dans cette deuxième partie dans laquelle les scènes de combat s’enchainent. Le réalisateur ne fait pas les choses à moitié en nous livrant des séquences brutales et violentes avec une chorégraphie inspirée, des combats d’une haute intensité bien appuyés par une caméra au cœur de l’action. Bien entendu, on sent bien d’où tire ses références Xavier Gens pour mettre en scène son personnage qui n’est clairement pas épargné. Si on sent quelque peu le copié-collé facile à certains moments, le metteur en scène se permet quelques initiatives bien senties. On fermera les yeux néanmoins sur les facilités scénaristiques voire mêmes certaines lourdeurs dans l’écriture. Si efficace qu’il soit, ce Farang est en effet handicapé par des dialogues simplistes quelque peu désespérants.


Le générique de fin arrive malheureusement bien trop vite. On est en effet happé par la quête de notre personnage qui va tout faire pour les siens, on peut se montrer quelque peu frustré de ne pas avoir eu davantage. Quelques minutes supplémentaires auraient été un bien, que ce soit dans le traitement de certains personnages secondaires ou bien dans l’ajout de scènes de combat supplémentaires. Farang est un film qui ne se prend pas la tête et qui fait les choses bien. Si dans l’ensemble, la caméra de Xavier Gens fait des merveilles notamment durant les scènes de combat, on peut également saluer la performance de son acteur principal qui se donne à fond.


tdurden44
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le 4 juil. 2023

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